Lait frelaté : les Chinois saisissent la justice

Comme à chaque scandale, certains journaux et des organisations non gouvernementales ont fini par lever le voile. Ils accusent les autorités chinoises d’avoir été informées il y a des semaines de la contamination du lait par de la mélamine mais d’avoir étouffé l'affaire pour ne pas ternir les jeux Olympiques en août.

Des avocats qui n’ont pas froid aux yeux vues les pressions exercées par le pouvoir, saisissent la justice au nom des familles d’enfants contaminés par la mélamine. Au pays de l’enfant unique, l’affaire du lait frelaté provoque l'indignation des populations chinoises. Ce nouveau scandale intervient quelques mois à peine après le tremblement de terre du Sichuan où des milliers d’écoliers étaient morts ensevelis dans leurs écoles. Un drame qui avait déjà mis en évidence la corruption des pouvoirs locaux.

Bien avant que n'éclate la crise à la mi-septembre, des journalistes chinois avaient vainement tenté d'enquêter sur des cas de bébés hospitalisés pour de mystérieux problèmes aux reins, selon des témoignages dans la presse et d'ONG. "En tant que rédacteur en chef, j'étais très inquiet. Je me doutais que cela allait déboucher sur un énorme problème de santé publique", a raconté sur son blog Fu Jianfeng, du Southern Weekend, un journal du Sud très respecté. "Mais je n'ai pu envoyer aucun reporter sur cette affaire. Aujourd'hui je me sens profondément coupable et j'ai un grand sentiment d'échec", a-t-il ajouté.

Des milliers d'enfants chinois ont développé des calculs rénaux et quatre en sont morts après avoir bu du lait frelaté avec de la mélamine, un composé chimique qui permet de relever artificiellement la teneur en protéine. Ce nouveau scandale affectant l'industrie agro-alimentaire chinoise a contraint des dizaines de compagnies étrangères à rappeler des produits contenant du lait chinois.

Caroline Caldier avec agences