L'Indonésie, une économie en plein boom
L’information a peut-être fait pâlir d’envie les autorités françaises qui ont dû digérer en janvier 2012 la dégradation de la note de l’Hexagone : à la même époque, l’agence Moody’s relevait la note souveraine de l’Indonésie, un mois après une décision similaire de Fitch. «Une gestion budgétaire prudente a maintenu les déficits budgétaires à des niveaux très faibles et a réduit le fardeau de la dette publique à une fraction du PIB», a expliqué Moody’s. En soulignant «la résistance prouvée de la croissance économique indonésienne face aux chocs extérieurs».
Motif : les exportations ne représentent que 25% du PIB de l’archipel, contre 70% pour les autres pays de la région, rendant le pays moins vulnérable aux crises internationales. Dans le même temps, la consommation intérieure (+ 5 % en 2011) est prépondérante. Les ventes à l’étranger ont diminué ces derniers mois essentiellement en raison du ralentissement en Chine, deuxième économie mondiale, grosse consommatrice de matières premières indonésiennes comme le charbon et l’huile de palme. D’une manière générale, l’Indonésie regorge de richesses (pétrole, gaz naturel, caoutchouc…), qui représentent 50% de ses exportations.
Pour maintenir sa croissance, l’archipel de 247 millions d’habitants peut s’appuyer sur une démographie dynamique qui favorise son marché intérieur. La consommation domestique (en hausse de 5% en 2011) est notamment portée par la hausse des salaires : en novembre, le revenu minimum a été augmenté de 44% dans la région de Jakarta, la capitale. Dans ce contexte, selon une étude du cabinet de conseil McKinsey, le nombre des habitants gagnant plus de 3600 dollars par an pourrait passer de 45 millions en 2010 à 170 millions d’ici 2030.
En parallèle, la croissance est portée par un vaste programme de développement des infrastructures, notamment routières et portuaires, dans un pays qui s’urbanise à grande vitesse. En 2011, les investissements publics ont ainsi augmenté de 12,3 %. En raison de l’ampleur de la tâche, l’Etat indonésien favorise les partenariats avec le secteur privé et accueille favorablement les investissements étrangers. Résultat : en 2011, ces investissements ont atteint le chiffre record de 19,3 milliards de dollars, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. «Les investissements sont (…) assurés par la confiance du monde des affaires et la persistance des taux d’intérêts bas», remarque un analyste.
Une confiance qui fait dire à McKinsey que d’ici 2030, l’économie indonésienne, actuellement au 16e rang mondial, pourrait se placer à la 6e place dépassant l’Allemagne. Evalué à 846 milliards en 2011, son PIB pourrait passer à 1817 milliards en 2017, selon la même source. L'Indonésie «vaut le détour», n'hésite pas à écrire le célèbre journal américain Forbes.
L'Indonésie et la transparence politique
Al Jazeera, 25 novembre 2012
Corruption et bureaucratie
Pour autant, l’image du pays auprès des milieux d’affaires internationaux reste ambiguë. Dans le classement Doing Business 2013 de la Banque Mondiale, l’archipel stagne ainsi au 128e rang mondial sur 183. Il reste notamment plombé par la corruption, considérée comme endémique. L’organisation Transparency International le place au 118e rang, sur 176 pays, dans le palmarès des Etats les plus corrompus. En 2009, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait pourtant été triomphalement réélu à l’issue d’une campagne anticorruption.
Autre frein au développement : la bureaucratie, notamment la difficulté d’acheter de la terre. Une nouvelle loi sur l’acquisition foncière devrait permettre de remédier au problème et contribuer à faciliter les investissements dans les infrastructures. Mais certains observateurs soulignent la difficulté d’appliquer des réformes dans ce pays décentralisé à l’extrême, qui compte quelque 17.000 îles. Une manière de souligner «la difficulté intrinsèque de gouverner l’Indonésie en général»...
Le coût de l'huile de palme
Arte, 19-5-2011
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.