Cet article date de plus de treize ans.

En Birmanie, la confusion malgré l'urgence

2,5 millions de personnes sont dans le besoin d'une assistance, et pourtant la junte continue de gérer l'aide internationale au "cas par cas". Le pays est aussi soupçonné de détourner une partie des ressources, tandis que l'ONU envoie un de ses dirigeants sur place.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France ©REUTERS)

Comme au lendemain du passage du cyclone Nargis, voilà onze jours, les Nations Unies semblent déterminées à contraindre Rangoun d'accepter l'aide internationale dont le pays a besoin.
_ L'ONU a revu hier à la hausse le nombre de Birmans "gravement affectés" par le passage de Nargis, estimant qu'ils sont entre 1,6 et 2,5 millions de personnes. Le bilan humain est évalué à 66.000 morts et disparus. Mais la Croix rouge internationale estime de son côté que le bilan se situe plutôt entre 68.833 et 127.990 morts.

Pendant la nuit, les Nations Unies ont pris la décision d'envoyer sur place leur responsable des affaires humanitaires, John Holmes, alors que la junte continue d'afficher son intransigeance en restreignant l'accès de l'aide étrangère aux zones dévastées par le cyclone.
_ Le problème est même plus compliqué dans les faits. Rangoun accepte volontiers l'aide internationale, mais refuse obstinément l'entrée de citoyens étrangers sur son sol, susceptibles de rester plusieurs semaines, voire plusieurs mois, dans une Birmanie verrouillée par les militaires depuis 1962.

Détournements et déplacements forcés ?

La Birmanie a toutefois autorisé l'accès d'experts de certains pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) pour porter secours aux victimes. La junte considèrera "au cas par cas" les demandes de visas déposées par les travailleurs humanitaires.

De forts soupçons de détournement de cette assistance pèsent sur les autorités birmanes. "C'est un fait qu'un très petit pourcentage des victimes jusqu'à présent a reçu de l'aide, mais d'hier à aujourd'hui, d'après ce que je lis, on voit que la situation s'est améliorée au niveau de la distribution" a déclaré Michèle Montas, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Notre envoyé spécial dans le delta de l'Irrawady a également constaté que des rescapés étaient déplacés de force, officiellement "pour leur bien".

Enfin, la France va comme prévu envoyer, depuis l'Inde, un avion chargé de 40 tonnes de matériel humanitaire (des vivres de première nécessité et des pastilles de purification de l'eau). Quant à l'avion de l'ONG Action contre la faim (ACF), il doit arriver en début d'après-midi sur place.

Matteu Maestracci avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.