Lapidée à coups de briques au Pakistan : quatre hommes interpellés
Farzana Parveen, 25 ans, a été tuée par sa propre famille, à Lahore. Son tort : s'être mariée par amour à un agriculteur, sans l'assentiment de sa famille.
Battue à mort par sa propre famille, à coups de briques. Farzana Parveen, 25 ans, a été tuée alors qu'elle était enceinte, mardi 27 mai, devant un tribunal de Lahore (est), sous le regard de policiers impassibles. Son tort ? S'être mariée par amour avec un agriculteur de 45 ans, Mohammad Iqbal, sans l'assentiment de sa famille, alors que les unions sont le plus souvent arrangées au Pakistan. Vendredi, la police pakistanaise a annoncé avoir interpellé quatre hommes dans cette affaire qui suscite une vague d'indignation : un oncle et deux cousins de la femme assassiné, ainsi qu'un chauffeur.
L'époux avait étranglé sa première femme pour se remarier
Dernier rebondissement de l'affaire, Mohammad Iqbal a confessé jeudi avoir assassiné sa première épouse."J'étais amoureux de Farzana et c'est à cause de cet amour que j'ai tué ma première femme... par strangulation." A l'époque, il y a six ans, le fils du couple avait porté plainte contre son père, avant de lui pardonner en échange du versement du "prix du sang". L'agriculteur avait alors recouvré la liberté, confirme la police locale.
C'est alors qu'il a convaincu Farzana de l'épouser, d'abord avec l'accord de sa famille. Mais celle-ci a changé d'avis pour des raisons financières. Le couple s'est tout de même marié, malgré ce refus. Puis mardi, une vingtaine de membres de la famille de Farzana ont attaqué la jeune femme avec des bâtons et des briques. La scène s'est déroulée en plein jour, sous les yeux de nombreux témoins. La jeune femme est morte de ses blessures, après un quart d'heure d'horreur. Elle avait déjà fait l'objet d'une première tentative de meurtre, selon son avocat.
Mille femmes tuées chaque année dans des crimes d'honneur
Le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a dénoncé, jeudi, un "crime totalement inacceptable" et exigé des "mesures immédiates" dans cette affaire, sans préciser lesquelles. Au Pakistan, l'indignation est toute relative. Seule une quarantaine de militants ont manifesté dans la capitale, Islamabad. "La justice criminelle est en panne. Ce fait divers a été très brutal. La police était sur les lieux et la pauvre femme a été tuée", a regretté la militante Farzana Bari.
Ce drame est loin d'être isolé au Pakistan. L'an dernier, près de 1 000 femmes ou adolescentes ont été tuées pour avoir "déshonoré" leur famille, selon la Commission nationale des droits de l'homme (en anglais). Depuis les années 2000, des lois interdisent pourtant les mariages forcés et pénalisent les crimes d'honneur. Mais elles se heurtent à des coutumes ancestrales ou à une interprétation rigoriste de l'islam. Sans compter le peu d'entrain de la police dans ce genre d'affaires, comme le dénoncent les associations.
"Il n'y a pas la moindre trace d'honneur à tuer une femme"
"Il n'y a absolument rien d'honorable dans les crimes d'honneur et j'en appelle au gouvernement pakistanais de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éradiquer cette pratique barbare", a déclaré le chef de la diplomatie britannique William Hague, dans un communiqué (article en anglais). "Il n'y a pas la moindre trace d'honneur à tuer une femme", ajoute la Commissaire des Nations unies sur les droits de l'homme (en anglais), Navi Pillay.
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