Crainte de catastrophe humanitaire au Sri-Lanka
Si les communiqués de victoire propulsés à grande vitesse du palais présidentiel de Colombo s'avèrent vrais, ce serait la fin d'une guérilla de 25 ans au Sri-Lanka : “mon gouvernement, avec l'engagement total de nos forces armées, a finalement vaincu militairement le LTTE lors d'une opération humanitaire sans précédent”, proclame Mahinda Rajapaksa.
Les “humanitaires” auquels pense le président sont bottés, casqués et armés et affirment avoir pris le contrôle de la totalité du littoral de l'île pour la première fois depuis 25 ans. L'armée affirme avoir encerclé les rebelles de l'Organisation de libération des Tigres de l'Eelam Tamoul (LTTE). Deux divisions en provenance l'une du nord et l'autre du sud ont opéré la jonction, tandis qu'une troisième complétait l'encerclement des Tigres tamouls et de leurs dirigeants, privés de tout accès à la mer.
Ce crépuscule des Tigres, s'il se confirme, risque de se terminer en apothéose sanglante. Des dizaines de milliers de civils sont pris au piège des combats, qui auraient atteints une rare intensité. Ils seraient utilisés comme boucliers humains par les rebelles, selon les Nations unies, et les humanitaires - pas ceux du président sri-lankais, mais les organisations internationales, la Croix-rouge notamment - ne s'estiment plus en mesure d'évacuer les civils.
L'armée précise ce matin que les troupes militaires sri lankaises ont sauvé tous les civils bloqués dans la zone des combats. Plus de 50 000 personnes auraient ainsi été évacués au cours des trois derniers jours.
Malgré les appels venus des ONG et des Nations unies, les Tigres refusent de libérer les civils encore dans la zone des combats et l'armée refuse toute trêve, de peur de laisser échapper la victoire qu'elle pense tenir. La Croix-rouge parle de “catastrophe humanitaire inimaginable”, du fait du manque d'eau, de vivres et de médicaments.
_ En 25 ans, la guerre au Sri-Lanka aurait fait 70.000 morts.
Grégoire Lecalot, avec agences
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