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Brûlées pour sorcellerie en Papouasie-Nouvelle Guinée

Dans une Papouasie-Nouvelle Guinée rongée par la violence, les femmes sont les premières victimes des viols et des crimes perpétrés pour «sorcellerie». Cette situation, unique dans un pays qui n’est pas en guerre, constitue un véritable enjeu pour l'Etat.
Article rédigé par Marie Dousset
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (REUTERS/David Gray)

Des femmes torturées, battues et brûlées vives pour sorcellerie. La scène est à peu près toujours la même. Tous les habitants du village sont réunis pour enterrer un des leurs, mort des suites d'une maladie, d'un accident ou encore victime d'une catastrophe naturelle. Et soudain, il faut un coupable aux proches endeuillés. Machettes à la main, tous se tournent alors vers un membre de l'assistance, immédiatement accusé de sorcellerie et tué!
 
Ces scènes d’horreur ne datent pas du Moyen Âge. Elles ont lieu en 2013, en Papouasie-Nouvelle Guinée. Durant le seul mois d’avril 2013, l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International a recensé près d’une dizaine d’agressions pour sorcellerie.

Le journaliste britannique Edward Marriott, qui a vécu cette expérience terrifiante, la raconte dans son livre The Lost Tribe, paru en 1996. Parti à la découverte des tribus de Papouasie Nouvelle Guinée, il est accusé du décès d’une femme et de ses quatre enfants, tués par la foudre. Il réussit alors à s’enfuir pour échapper à la mort. La plupart du temps, cette folie criminelle touche les femmes.
 
Les femmes, premières victimes des violences
Port Moresby, la capitale du pays, occupe régulièrement les premières places des classements sur les villes les plus dangereuses du monde. Parmi les crimes auxquels doit faire face la police de la capitale, près de 70% sont perpétrés contre des femmes.
 
Dans un rapport publié le 13 août 2013, l’association caritative australienne ChildFund affirme que la moitié des femmes de Papouasie-Nouvelle Guinée seront violées au moins une fois au cours de leur vie et que 86% d’entre elles sont battues pendant leur grossesse.
 
Les actes de violences subies par les femmes sont majoritairement domestiques. Plus de deux-tiers des foyers papous sont le théâtre de graves violences envers les femmes et les enfants, selon ChildFund. Le rapport cite le cas d'une femme dont le bébé d'un mois a été assommé par son mari, qui s'est ensuite servi du corps du nourrisson pour frapper son épouse.
 
L'Etat papou mis à l'épreuve
Kidnappings, viols et crimes qui rongent la Papouasie-Nouvelle Guinée sont perpétrés sous le prétexte de la sorcellerie, profondément ancrée dans les croyances, jusque dans les milieux dirigeants. En 1971, le gouvernement avait introduit une loi faisant de la sorcellerie un délit et prévoyant une répression adoucie pour les crimes contre les marabouts. Le texte a été abrogé fin mai 2013.
 
Ces actes touchent principalement les femmes parce qu'elles ont un statut très bas au sein de l'échelle sociale du pays. Quand une Papoue se marie, son futur époux verse une somme à ses parents. Il est alors considéré comme le propriétaire de sa femme avec qui il peut faire ce qu’il veut.
 
Face à la pression internationale, l'Etat papou a dû réagir. Et pour endiguer cette violence il a choisi… la peine de mort. Fin mai 2013, le gouvernement a annoncé son intention de reprendre les exécutions, qui avaient cessé depuis l’indépendance du pays en 1954. La peine capitale s’appliquera désormais, entre autres, aux meurtres, viols et vols liés à la sorcellerie.

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