Birmanie : la junte viderait les camps de réfugiés
Jusqu'où ira donc le gouvernement birman ? Après sa gestion ubuesque et paranoïaque de la catastrophe due au cyclone Nargis, le voilà qui vide les camps de réfugiés, renvoyant les survivants à leur domicile détruit, ausiment sans eau ni nourriture. Huit camps établis par le gouvernement dans la ville de Bogalay pour les sans-abri du delta de l'Irrawaddy, région méridionale la plus touchée par le cyclone du 3 mai, sont désormais “complètement vides”, a accusé le responsable de l'UNICEF Teh Tai Ring lors d'une réunion entre organisations humanitaires.
Les autorités “se débarrassent des gens à l'endroit approximatif des villages, plus ou moins sans rien”, ajoute Teh Tai Ring. D'autres camps étaient également en train d'être vidés à Labutta, une autre ville du delta.
La concentration des victimes dans ces camps facilitait le travail des organisations, selon lesquelles la dévastation est telle dans le delta qu'il serait difficile pour les habitants de retourner dans leurs villages. Les maisons y sont détruites, le bétail est mort, les réserves de nourriture sont quasi-épuisés et on n'y trouve pas de médicaments.
Selon Teh Tai Ring, certaines victimes du cyclone déposées près de leur village ont été munies de rations de nourriture, tandis que d'autres, ayant perdu leur carte d'identité, n'y avaient pas droit.
Les Nations unies ont déclaré ne pas pouvoir confirmer la fermeture de ces camps, mais a estimé qu'elle serait, le cas échéant,“ complètement inacceptable”.
“Les réfugiés peuvent se débrouiller seuls” (presse birmane)
Pendant ce temps, les travailleurs humanitaires attendaient encore le traitement de leurs demandes de visa. “Nous appelons à la mise en oeuvre rapide de tous les accords, sur l'accès, les visas et l'utilisation des moyens logistiques”, a déclaré Terje Skavdal, du bureau des Nations Unies à Bangkok. Il souligne que malgré les “signes prometteurs de ce que le gouvernement prenait globalement la bonne direction”, le vrai test résidait dans la mise en oeuvre des promesses.
Porte-voix du gouvernement, le quotidien “Myanma Ahlin” a assuré
qu'en tout état de cause, les victimes étaient capables de se débrouiller sans l'aide internationale. Selon le bilan officiel, 78.000 personnes ont perdu la vie et 56.000 autres sont portées disparues.
Grégoire Lecalot, avec agences
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