Birmanie : la communauté internationale entre action et indignation
La communauté internationale a mobilisé 67 millions de dollars d'aide selon l'ONU. Une quarantaine de pays ont contribué à cette collecte planétaire ou promis de le faire. Mais seule la Chine, alliée traditionnelle de la Birmanie, a directement versé une aide financière d'urgence évaluée à 500.000 dollars. Une douzaine d'autres pays ont choisi de coopérer directement avec le pouvoir birman, comme l'Inde, la Thaïlande, l'Italie ou la Russie, mais sous forme de denrées ou de matériel de première nécessité.
Mais l'attitude de la junte, qui accepte les contributions financières ou en nature, mais refuse les équipes de secours, sème le trouble. Pour preuve, le mouvement d'humeur du PAM (Programme alimentaire mondial), qui dépend de l'ONU. Il a brièvement annoncé la suspension de ses vols avant de décider de les reprendre. “Les restrictions qu'on nous impose sont inacceptables”, s'est emporté le directeur du PAM pour la Birmanie, Chris Kaye. Deux avions chargés de biscuits hautement caloriques pour nourrir 95.000 personnes n'avaient pas pu être déchargés. “Des discussions continuent avec le gouvernement du Myanmar (Birmanie) sur la distribution de la nourriture arrivée aujourd'hui (vendredi), et qui n'a pas été distribuée par le PAM”, explique le PAM dans un communiqué.
Droit d'ingérence ?
Pour briser le verrou imposé par la junte, plusieurs pays tentent d'impliquer le Conseil de sécurité de l'ONU. Une proposition formulée par la France, au nom du droit d'ingérence humanitaire cher au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Mais les alliés de la Birmanie, la Chine en tête, refusent d'en passer par là, au motif que les compétences de cet organe se limitent aux situations de conflit et aux menaces pour la paix. L'Indonésie, pays durement frappé par le tsunami en 2004, rappelle que donner un tour politique à la catastrophe ne serait pas un service rendu aux sinistrés.
En attendant, les moyens logistiques, les vivres et le matériel de secours continuent à se diriger vers la Birmanie. La France va envoyer un navire, le Mistral, chargé de 1.500 tonnes de denrées alimentaires et humanitaires et équipé de structures de soins à bord. Mais “le problème est de savoir où [ces denrées] arriveront et comment elles seront distribuées”, admet Bernard Kouchner. Il propose d'utiliser les hélicoptères à bord du navire pour accéder aux zones sinistrées. Encore faut-il que les birmans acceptent que des hélicoptères militaires étrangers survolent le pays.
Grégoire Lecalot, avec agences
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