Aung San Suu Kyi va faire appel de sa condamnation
Agée de 64 ans, Aung San Suu Kyi, qui a déjà passé 14 des 20 dernières années privée de liberté, a écopé de 18 mois supplémentaires d’assignation à résidence pour avoir hébergé pendant deux jours , début mai, un Américain vétéran de la guerre du Vietnam, arrivé chez elle à la nage par le lac Inya, dans le nord de Rangoun. John Yettaw, qui avait affirmé s’être introduit dans la résidence de l’opposante pour la prévenir d’un rêve dans lequel elle était assassinée, a lui écopé de sept ans de prison, dont quatre de travaux forcés.
Au lendemain du verdict, les avocats des deux condamnés ont annoncé leur intention de faire appel de ce jugement. "Nous pensons que ce jugement est totalement contraire à la loi", a déclaré à l’AFP Nyan Win, avocat de Mme Suu Kyi et porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Le verdict a en outre suscité une vague d'indignation en Occident, qui accuse le régime birman de vouloir faire taire l’opposante, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991. Dénonçant une "décision injuste'', le président américain Barack Obama a notamment estimé que cette condamnation constituait une violation du principe universel des droits de l'Homme et a appelé à la "libération immédiate sans condition'' de l’opposante birmane.
Car même si la peine d’Aung San Suu Kyi, initialement condamnée à trois ans de prison et de travaux forcés par un tribunal de Rangoun, a été réduite de moitié par la junte birmane au pouvoir dans un souci "d’assurer la paix et la tranquillité’’, elle devrait tout de même l’empêcher de se présenter aux élections nationales l’année prochaine.
L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a également exprimé sa "profonde déception" après l’annonce du jugement. Pékin en revanche a estimé ce matin que la communauté internationale devait respecter la souveraineté du système judiciaire birman. La Chine, qui entretient des liens économiques étroits avec la Birmanie, est l'un des rares pays à soutenir la junte militaire birmane.
La position de la Chine, mais aussi le scepticisme affiché par la Russie, le Vietnam ou encore la Libye, ont empêché hier le Conseil de Sécurité de l'ONU d’aboutir à un projet de déclaration américain cherchant à condamner la Birmanie. Les débats ont été ajournés d’au moins une journée.
Cécile Mimaut, avec agences
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