Asie-Afrique : raviver la flamme de Bandung
En 1955, ils exigeaient déjà un nouvel ordre politique et économique à Bandung, sur l’île de Java, en Indonésie. Soixante ans plus tard, après avoir marché le 24 avril 2015 vers le Gedung Merdeka (rebaptisé depuis Independance Building) qui avait abrité l’évènement, les dirigeants asiatiques et africains ont signé le «Message de Bandung», au terme du sommet Asie-Afrique (22-24 avril 2015) qui célébrait l’anniversaire de la conférence. «L'Esprit de Bandung, qui mettait en avant la solidarité, l'amitié et la coopération, reste solide, pertinent et efficace en tant que fondation pour encourager des relations plus fortes entre les pays asiatiques et africains», souligne la déclaration de 41 articles, citée par l’agence chinoise Xinhua.
Le document produit par le Sommet Asie-Afrique souhaite ainsi ranimer «l’esprit de Bandung» qui passe notamment par l'intensification des relations économiques Sud-Sud. «La Conférence afro-asiatique reconnaît la nécessité urgente d'encourager le développement économique de la zone afro-asiatique», pouvait-on lire sur le communiqué final de la rencontre de 1955. «Les pays participants ont exprimé le désir général d'une coopération économique sur la base des intérêts mutuels et du respect de la souveraineté nationale», poursuivait le texte.
A l’initiative de la Birmanie, de Ceylan (devenue le Sri Lanka), de l'Inde, de l’Indonésie et du Pakistan, l’Egyptien Nasser, le Chinois Chou En Lai ou encore l’Indien Nehru avaient été les hôtes de l’Indonésien Sukarno en avril 1955. Vingt-neuf délégations d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient avaient alors fait le déplacement. Ils lançaient ainsi le mouvement des non-alignés.
«Nous demandons une réforme de l’architecture financière internationale»
«Nous avons décidé de raviver les idées fondamentales du mouvement de coopération Sud-Sud, à savoir la prospérité, la solidarité et la stabilité des nations asiatiques et africaines», a déclaré soixante ans plus tard Robert Mugabe, président en exercice de l'Union africaine et co-président du Sommet Afrique-Asie, rapporte Xinhua. Les revendications des pays africains et asiatiques ne semblent pas avoir évolué bien que beaucoup aient désormais droit de cité sur la scène internationale. «Il est impératif de bâtir un nouvel ordre économique mondial qui soit ouvert aux nouvelles puissances économiques émergentes», a réclamé l’hôte de la rencontre, le président indonésien Joko Widodo à l'ouverture du sommet.
Pour lui, les institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international et Banque mondiale) – tout comme la Banque asiatique de développement – qui donnent le «la» en matière de politique financière et économique sont «dépassées». «Nous demandons une réforme de l’architecture financière internationale» afin que cesse «la domination» de certains pays sur d'autres. Joko Widodo a également souhaité que les Nations Unies se réforment afin que l'organisation puisse faire régner, de façon équitable, la justice pour chacun de ses membres.
La Chine, qui compte désormais parmi les grandes puissances mondiales, a fait de cette rencontre une tribune. Avec son projet de création de la Banque asiatique d’infrastructure et de d’investissement, Pékin compte s'imposer sur la scène financière internationale. Le projet est notamment soutenu par l’Indonésie, rappelle l’AFP, et a déjà conquis de nombreux autres. Au total, 91 pays Etats ont répondu à l'invitation envoyée à 109 pays par l’Indonésie pour le Sommet Asie-Afrique, nouveau visage du «Tiers-Monde».
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