Afghanistan : les forces françaises dans une impasse?
Après la compassion unanime, et internationale (voir nos articles), les premières questions en viennent à se poser et les polémiques à poindre. Déjà l'opposition française réclame un débat parlementaire sur la présence de soldats en Afghanistan. Une attitude considérée comme "déplacée" par certains membres de la majorité, lorsque la posture nationale devrait s'en tenir à l'émotion et au soutien des familles.
Ce qui ne doit empêcher, au-delà des jeux de rôle politiciens, un tel débat d'exister. Sur le rôle, les conditions, les objectifs d'une présence militaire française dans la coalition internationale mise en place dans le pays pour lutter face au succès des talibans.
Les analyses se heurtent à la complexité du dossier, et aux violentes incertitudes de la situation afghane. D'inspiration américaine, cette présence militaire trouve ses origines à la fin de l'année 2001, lorsque qu'il s'agissait pour la Maison Blanche d'abolir le régime mis en place par les fondamentalistes, et de réduire à néant les camps d'entraînement institués par Al-Qaida.
_ Les troupes américaines furent alors "aidées" par une coalition internationale, devenue depuis l'Isaf, Force internationale d'assistance à la sécurité, sous commandement de l'OTAN.
"Pour la liberté"
Pays membre de cette coalition, la France compte aujourd'hui environ 3.000 militaires en Afghanistan, dont près de 1.800 à Kaboul, sur les 53.000 soldats réunis. La grande majorité des hommes restants sont déployés dans la province de Kapisa, au nord-est de la capitale. Et 170 sont à Kandahar, dans le sud du pays, auprès des six avions de combat symbolisant le soutien aérien apporté par Paris.
En avril, Nicolas Sarkozy avait suscité un premier débat politique et national en décidant d'envoyer 700 hommes supplémentaires dans cette zone, théâtre d'affrontements avec les talibans et les insurgés. Un choix, répondant à l'insistance des Etats-Unis, fait lors du sommet de l'OTAN à Bucarest.
Mais les attaques, répétées et violentes, rappellent que les opérations ne sont pas loin de ressembler à un échec. 176 soldats sont morts depuis le début de l'année. Dans certaines régions, la violence a augmenté de 50% par rapport à 2007.
_ Et qui dit situation complexe, dit ambiguité déontologique. Ceux qui soutiennent la présence française, "pour la liberté", affirment qu'un retrait signifierait céder face au terrorisme. D'où la nécessité d'une présence, mais peut-être dans de meilleures conditions. Déjà des experts britanniques se prononcent pour des effectifs autrement plus nombreux...
Matteu Maestracci
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