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Afghanistan : la France sous le choc de la mort de cinq soldats

L'armée a révélé que les cinq soldats tués en Afghanistan par l'explosion d'une bombe étaient âgés de 27 à 38 ans et viennent d'unités de Pamiers, Montauban et Lyon. Sur les quatre hommes blessés, l'un était dans un état jugé sérieux. Les trois autres sont "sous contrôle". Les réactions politiques à gauche étaient majoritairement en faveur d'une accélération du retrait des troupes. La droite dénonce un "acte inqualifiable".
Article rédigé par franceinfo
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L'armée a diffusé l'identité de trois des cinq soldats tués mercredi matin, dans un attentat-suicide en Afghanistan. Agés de 27 à 38 ans, ils venaient d'unités stationnées à Pamiers, Montauban et Lyon.

Le plus jeune était le lieutenant Thomas Gauvin. Il est sorti major de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Il servait depuis 2009 au 1er Régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers, dans l'Ariège. Il était en Afghanistan depuis le 6 mai. Egalement du 1er RCP de Pamiers mais depuis 2001, l'adjudant Laurent Marsol, 35 ans, était en Afghanistan depuis le 14 mai. Il a servi au Gabon, en RCA et au Kosovo.
Le plus âgé, l'adjudant Emmanuel Techer, 38 ans, était affecté au 17ème régiment du génie parachutiste de Montauban. Egalement en Afghanistan depuis mai, il a été au Tchad, en ex-Yougoslavie, au Sénégal et au Kosovo.
Les autres victimes sont un sous-officier de 37 ans, dont la famille n'a pas souhaité révéler l'identité, et un caporal-chef du Sirpa-terre image de Lyon. L'identité du quatrième militaire sera révélée quand sa famille aura été prévenue.
_ Un civil afghan a également trouvé la mort dans l'attentat.

Les soldats étaient déployés dans un village de la vallée de Tagab, Joybar, pour protéger une shura , une assemblée de notables. Le taliban a déclenché sa bombe à proximité, blessant grièvement quatre autres soldats, dont l'un est dans un état jugé préoccupant. Trois civils afghans ont également été blessés.

Cette veille de fête nationale, l'une des journées les plus meurtrières pour les militaires français depuis leur déploiement, et l'embuscade d'Uzbin, qui a fait 10 morts en 2008, a fait réagir les responsables politiques du pays. Hier, députés et sénateurs ont voté leur accord à la prolongation des opérations militaires en Libye, et hier encore Nicolas Sarkozy, lors d'une visite surprise en Afghanistan, a annoncé le retrait d'un quart des troupes françaises avant fin 2012.

Et c'est au chef de l'Etat que Ségolène Royal s'en est pris, l'accusant de s'être “fourvoyé” : “Jamais la France n'aurait dû être en Afghanistan”, accuse l'ex-candidate à la présidentielle de 2007. “Soixante-neuf soldats qui ont perdu la vie, c'est beaucoup trop et cela a été des sacrifices inutiles”, martèle-t-elle.

La plupart des réactions à gauche demandaient une accélération du calendrier de retrait des troupes : L'ex-Premier ministre Laurent Fabius salue le “comportement héroïque” des soldats. “Il ne saurait être question d'attendre encore des mois ou des années pour que cette décision indispensable de retrait soit effective”, écrit-il. Même réaction pour Daniel Vaillant, Eva Joly, jean-Luc Mélenchon ou du NPA.

Dominique de Villepin estime aussi que “dix ans de guerre, c'est assez”. “L'armée a fait son devoir, les politiques ont manqué au
leur en ne tenant pas suffisamment tête à nos alliés américains, en ne jouant pas leur rôle de chercheurs d'alternatives et de solutions”.

A l'UMP, Christian Jacob, le patron des députés, estime que “à la veille du 14 juillet, ce drame prend une ampleur toute particulière”. Il défend le calendrier de retrait : “le calendrier relève de la décision du président de la République, laissons-le décider de l'organisation des choses dans ce cadre-là. Ce n'est pas à l'Assemblée de se prononcer là dessus”. “Le combat pour la sécurité de la France et des Français (...) mérite toute notre reconnaissance”, renchérit Jean-François Copé.

Au Front National, Marine Le Pen appelle aussi à un “retrait immédiat” . “Avant de “savoir finir une guerre”, comme il (Nicolas Sarkozy, ndlr) a annoncé à Kaboul, il vaut mieux ne pas la commencer quand elle n'engage pas les intérêts de notre pays”, lance-t-elle.

Grégoire Lecalot, avec agences

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