Cet article date de plus de huit ans.
Abdul Sattar Edhi, petit père des pauvres du Pakistan
A 88 ans, Abdul Sattar Edhi a passé le flambeau à son fils, satisfait de l’œuvre qu’il a accomplie. L’organisation qui porte son nom est la plus importante ONG du Pakistan. Une nouvelle fois son nom est proposé pour le prix Nobel de la paix.
Publié
Temps de lecture : 2min
En 1951, jeune colporteur dans les rues de Karachi, Abdul Sattar Edhi y crée son premier dispensaire. Né en Inde, il croyait trouver au Pakistan un pays de cocagne. Mais la réalité était bien différente de ses espoirs. Il en fait l’amère expérience lorsque sa mère développe des symptômes de maladie psychiatrique. Aucune institution n’est là pour la soigner, et Abdul Sattar Edhi doit la garder auprès de lui.
«Le service social était ma vocation, il fallait que je le libère», explique-t-il dans son autobiographie. L’Etat ayant failli, il se met à créer sur ses fonds propres des orphelinats, des maternités, des maisons de retraite. Il trouve les ressources dans la mendicité, reprochant aux riches de se contenter «de faire la charité» plutôt que de créer des services sociaux. Son budget s’élève à 20 millions d’euros.
Au fil des ans, Edhi est devenue la plus vaste organisation civile du Pakistan. Ses 1500 ambulances interviennent partout dans le pays et représentent une formidable vitrine. Et il y a les 17 foyers où l’organisation accueille tous les laissés-pour-compte de la rude société pakistanaise. Enfants, vieillards, femmes battues, handicapés… En tout, 5700 personnes sont accueillies.
Edhi fait travailler 3000 personnes, dont certains anciens pensionnaires de ses établissements.
Mais ce travail fait aussi grincer des dents. Les islamistes extrémistes ne sont pas avares de reproches. On accuse l’organisation ainsi de favoriser les relations hors mariage en accueillant les enfants abandonnés, et d’être ouverte aussi aux non-musulmans.
Abdul Sattar Edhi laisse dire. Respectant un ascétisme sans faille et s’ouvrant à tous, il est devenu le petit père des pauvres. Au point qu’une nouvelle fois son nom est proposé pour le prix Nobel de la Paix. Cette fois, la candidature est portée par une compatriote célèbre, Malala Yousafzaï, elle-même lauréate du prix Nobel en 2014.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.