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Victoire de la gauche au Mexique : "Il y a un dégoût et un rejet des partis de droite"

Pour le chercheur Alain Musset, la corruption et la violence sont les deux éléments majeurs qui ont pesé dans cette campagne mexicaine. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Élu président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador promet de lutter contre la corruption. (GUILLERMO ARIAS / AFP)

"Cette victoire avec plus de 50% est incroyable", a réagi lundi 2 juillet sur franceinfo Alain Musset, professeur à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste du Mexique et de l’Amérique Latine. "Il y a un dégoût et un rejet des partis de droite", a-t-il expliqué. Pour la première fois dans l'histoire moderne du Mexique, depuis plus d'un siècle, la gauche arrive au pouvoir. Andrés Manuel Lopez Obrador, ancien maire de Mexico, a remporté l'élection présidentielle ce dimanche, avec 53 % des voix.

franceinfo : Son élection est-il le résultat d'un rejet des partis de droite ?

Alain MussetIl y a un dégoût et un rejet des deux grands partis de droite. La corruption et la violence sont les deux éléments majeurs qui ont pesé dans la campagne. Il ne faut pas oublier qu'en 2017, il y a eu à peu près 30 000 assassinats au Mexique. Andrés Manuel Lopez Obrador promet de lutter contre la corruption, mais le problème, c'est qu'il ne dit pas quelles mesures il va prendre.

Va-t-il pouvoir tenir sa promesse d'amnistier les "petites mains" des groupes criminels ?

C'est une promesse qui a été faite et elle est tout de suite polémique. L'idée, c'est de faire comme en Italie, avec les repentis de la Mafia. Mais pour la mettre en œuvre, il a déjà dû rétropédaler en disant que ce serait en accord avec les victimes, mais comment faire ? À quel niveau va-t-on placer la barre pour dire que c'est une petite main par rapport à un gros bonnet ? Ça va être compliqué. L'amnistie me paraît très difficile à mettre en place.

Son mouvement, le Morena, s'impose aussi au niveau régional et local avec au moins six postes de gouverneurs sur les neuf à pourvoir. Cela va-t-il changer quelque chose ?

On sait que la ville de Mexico tombe dans son escarcelle et c'est quelque chose de fondamental. Il a été lui-même maire de Mexico et c'est sa candidate qui va devenir maire de Mexico. Une femme pour la première fois. C'est quelque chose d'extraordinaire, une grande victoire pour les femmes au Mexique, parce que leur situation est très compliquée. On peut espérer beaucoup de choses à partir de cette élection.

Les relations avec les États-Unis risquent-elle d'empirer ?

Dans les deux cas, on a de très fortes personnalités. Andrés Manuel Lopez Obrador est capable de foucades, de prises de position très dures, Trump est quelqu'un qui aime qu'on lui résiste, qui n'aime pas les faibles. En face de lui, il ne va pas avoir quelqu'un de faible et il a déjà félicité Andrés Manuel Lopez Obrador pour son élection. Donc, il va y avoir un affrontement certain.

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