Venezuela : Maduro n’a toujours pas trouvé comment sauver l’économie du pays
Comment croire que le pays qui possède la plus grande réserve de pétrole au monde puisse manquer de farine, de sucre, d’huile, de produits d’hygiène comme le papier toilette ou le déodorant, et de bien d’autres choses ?
Depuis des mois, les Vénézuéliens doivent faire la queue pendant des heures pour acheter le moindre produit de première nécessité. En cause : une instabilité politique chronique depuis la mort d’Hugo Chavez et l’élection anticipée de Nicolas Maduro, le 14 avril 2013. Un conflit oppose le régime de l’actuel président aux entreprises liées à l’opposition.
Alors que le pays connaît une inflation galopante et qu’il multiplie les signes de renfermement sur lui-même, le ministre du Commerce maintient que les pénuries s’expliquent par «une consommation excessive générée par une population anxieuse»…
Une population qui le serait sans doute moins si la manne pétrolière produite par les sous-sols vénézuéliens était utilisée pour le développement du pays. Dans un reportage réalisé par Euronews, Diego Moya-Ocampos, un analyste de l’Amérique du sud, souligne que l’économie du Venezuela repose sur le pétrole. Le domaine est sous-exploité alors qu’une augmentation de la production serait une clé pour l’avenir du pays.
Le plan Maduro se fait toujours attendre
Pour remédier à cette situation, le président Maduro a promis la mise en place d’un plan de relance de l’économie. Le 1er juillet 2014, il a lancé une restructuration de son gouvernement, appelant de ses vœux une «complète et profonde révolution au sein de l’administration publique».
Ce plan, baptisé el sacudon (la secousse), est censé apporter une solution à la crise économique qui ronge le pays. Mais lors de son apparition à la télévision le 15 juillet pour son émission En contact avec Maduro, le président vénézuélien a reporté la présentation des mesures prévues au 15 août.
Difficile d’imaginer la consistance de ce plan qui doit sauver l’économie vénézuélienne de la faillite. Le projet économique «bolivarien» du pays prévoit un anti-néolibéralisme allié à des politiques sociales et Nicolas Maduro s’attache à les respecter dans un souci de continuité de la politique de Chavez.
Avec une inflation annuelle avoisinant les 80%, la population a néanmoins de plus en plus de mal à acheter les aliments dont elle a besoin. Dans un article paru en décembre 2013, Le Monde souligne que «la cotation officielle du dollar est fixée à 6,30 bolivars, (mais) le billet vert sur le marché parallèle est échangé à 70 bolivars, onze fois plus».
Rapprochement avec Capriles ?
De son côté, le leader de l’opposition, Henrique Capriles, prône un rapprochement du pouvoir avec le monde des affaires et un basculement de la politique vers le centre. Mais, pour peser dans les votes, il lui faudra rassembler l’opposition désordonnée derrière lui.
En février 2014, il déclarait d’ailleurs lors d’une manifestation à Caracas : «Nous devons construire une très grande force au Venezuela, qui soit capable de mobiliser tout le monde, y compris ceux qui portent le t-shirt rouge des socialistes. Une force qui soit capable de convoquer ceux qui ne pensent pas comme nous».
Il lui faudra aussi nettoyer l’appareil d’Etat de tous ses éléments corrompus. Paula Vasquez Lezama, chargée de recherche au CNRS et spécialiste du Venezuela, précisait en février sur notre site la manière dont Hugo Chavez a instauré «un contrôle des changes très strict». Elle explique que «le gouvernement octroie aux importateurs des quotas de dollars et exerce ainsi un contrôle total sur toute l’économie». Conséquence : une corruption généralisée qui touche notamment les militaires chargés des importations aux douanes.
Les économistes avancent qu’un rapprochement entre Maduro et Capriles pourrait être bénéfique pour le pays. A moins que le second ne double l’actuel président aux prochaines élections présidentielles en 2019.
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