Une vidéo discrédite la version du meurtrier présumé de Trayvon Martin
Des images montrent l'homme suspecté d'avoir tué un jeune Noir non armé, en Floride, sans traces de blessures. Il avait pourtant assuré avoir été agressé par l'adolescent avant de tirer.
L'homme accusé d'avoir abattu d'une balle dans la poitrine le jeune Trayvon Martin, 17 ans, a-t-il agi au nom de la légitime défense ? Plus d'un mois après la mort de l'adolescent, noir et non armé, une vidéo diffusée par la chaîne américaine ABC News jeudi 29 mars soulève de nouvelles questions sur le drame qui a bouleversé l'Amérique et mobilisé l'opinion jusqu'au président Barack Obama.
Que montre la vidéo ?
Il s'agit des bandes extraites d'une caméra de vidéosurveillance, placée dans le commissariat où le meurtrier présumé du jeune homme, George Zimmerman, a été emmené après son arrestation le 26 février dernier. La chaîne indique se l'être procurée auprès de la police de Sanford, en Floride, où s'est déroulé le meurtre.
Ces images sèment le doute sur la version des faits du suspect. George Zimmerman, qui patrouillait dans son quartier le soir du drame, a invoqué la légitime défense. De ce fait, il a été rapidement relâché. Il avait appelé la police, quelques instants avant les coups de feu, pour les avertir qu'un homme, décrit comme "suspect", rôdait dans le quartier. Trayvon Martin, retrouvé un paquet de bonbons et un soda à la main, était sorti pour acheter des sucreries.
Pourquoi discrédite-t-elle la version du suspect ?
Selon les médias américains, George Zimmerman a assuré aux enquêteurs que Trayvon Martin l'avait mis à terre d'un coup de poing, avant de lui cogner plusieurs fois le visage sur le trottoir. L'avocat du suspect avait d'ailleurs annoncé que son client avait eu le nez cassé au cours de cette bagarre et qu'il présentait une entaille à l'arrière du crâne. Une version des faits infirmée par les images diffusées jeudi. On y voit notamment un policier inspecter l'arrière de la tête de Zimmerman.
"Cela ne ressemble certainement pas à un homme décrit par la police comme ayant le nez cassé et des traces de coups répétés contre le trottoir", s'est indigné Benjamin Crump, l'avocat spécialisé dans les droits civiques qui défend la famille de Trayvon Martin. "George Zimmerman n'a pas de blessure apparente, ce qui contredit dramatiquement sa version des faits", a-t-il fait savoir dans un communiqué. Il ajoute que le suspect devrait être immédiatement arrêté et inculpé pour le meurtre de l'adolescent.
Ces images font-elles office de preuves ?
S'il n'y a pas de traces évidentes de violences sur le suspect - pas de sang sur ses vêtements, notamment -, la qualité de l'image ne permet pas de tirer des conclusions formelles. En outre, l'agence Reuters rappelle que George Zimmerman a été pris en charge sur les lieux du crime par les pompiers, lesquels auraient pu lui prodiguer les premiers soins.
Le dossier est passé entre les mains du département de la Justice américain. Un procureur a été nommé par le gouverneur de Floride pour reprendre l'enquête. La porte-parole de ce dernier a indiqué qu'il ne ferait pas de commentaires dans l'immédiat. L'avocat de George Zimmerman, Craig Sonner, a également refusé de s'exprimer sur ces images.
Le refus de la police de maintenir le suspect en détention, sur la seule foi de son témoignage, avait déclenché une vague de protestation dans tous les Etats-Unis et un débat sur le caractère raciste du crime. Pour exprimer leur indignation, des Américains, du citoyen lambda aux représentants, arborent un "hoodie" (une veste à capuche) semblable à celui que portait Trayvon Martin le soir du drame, pour dénoncer les préjugés raciaux qui, estiment-ils, ont conduit à la mort de l'adolescent.
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