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Tacumbú, prison du Paraguay au bord de l’implosion

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1min
Le Mécanisme national de prévention du Paraguay (MNP), une institution indépendante de l'Etat, travaille avec les autorités pour l’amélioration des conditions de vie, lutter contre la torture et les mauvais traitements en milieu carcéral.

Fin 2013, le MNP a alerté l’opinion publique et écrit son premier rapport sur les dysfonctionnements des prisons et particulièrement ceux de la maison d’arrêt de Tacumbú construite en 1955 à Asunción, la capitale paraguayenne.
 
Le 13 décembre 2013, Horacio Cartes, le président paraguayen, s’est rendu dans cet établissement pour remettre les diplômes aux prisonniers qui avaient pu suivre des études.
 
Le photographe Norberto Duarte, qui s’était déjà rendu à Tacumbú, a couvert l’événement. Il précise toutefois que la prison avait été entièrement nettoyée pour l’occasion. 

Alors qu’elle ne peut accueillir que 1.200 détenus, quelque 4.500 personnes s’entassent dans les cellules. Aucune autre prison du Paraguay ne veut accueillir ce «surplus» de détenus, car toutes sont déjà pleines.  (Norberto Duarte)
que vingt personnes peuvent parfois s’entasser dans des cellules de quatre lits, les obligeant à dormir à même le sol sur des bouts de matelas en mousse ou des couvertures.  (Norberto Duarte)
uniquement la moitié en sort, ce qui crée une augmentation quotidienne ingérable. Le plus aberrant est que seuls 20% des détenus sont passés en jugement, les autres sont en garde à vue préventive. Malades et handicapés mentaux sont enfermés dans les mêmes locaux. (Norberto Duarte)
explique le directeur de la prison, Artemio Vera. Sur la totalité des personnes incarcérées, près de 60% sont des drogués. Ainsi, les «motochorros» (jeunes voleurs à moto qui arrachent les sacs des piétons) sont la plupart du temps sous l’emprise de stupéfiants. (Norberto Duarte)
et qui restent dans les couloirs. Pour pouvoir gagner de l’argent, certains récupèrent des morceaux de viande lors des livraisons au centre pénitencier et montent des cantines parallèles de tortillas. Car ici tout se monnaye. (Norberto Duarte)
Car l’injustice envers les populations les plus pauvres perdure au sein de cet établissement. Seuls les plus aisés financièrement peuvent se payer des cellules VIP, équipées de salle de bains et de climatisation.  (Norberto Duarte)
Les coupures d’électricité sont fréquentes, la plomberie en très mauvais état et les murs délabrés. Il n’existe au total que six douches, six WC et quelques urinoirs, tous en mauvais état. Les douches n'ont pas d'eau chaude et il n’est pas rare que des odeurs nauséabondes envahissent les cellules.  (Norberto Duarte)
Les délits sont omniprésents, faisant de Tacumbú la maison d’arrêt la plus violente du pays. Près de cinquante meurtres à l’arme blanche y sont commis chaque année, selon les ONG. Les détenus organisent de l’intérieur des trafics en tout genre, allant du vol de voitures à la pornographie infantile.  (Norberto Duarte)
Ne pouvant profiter de suivis et de programmes de réinsertion, la grande majorité des jeunes délinquants, une fois libérés, récidivent et retournent immanquablement en cellule, priant que Dieu leur pardonne. (Norberto Duarte)

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