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Qui est Jeb Bush, "fils de" et "frère de", à son tour candidat à la Maison Blanche ?

John Ellis Bush, ancien gouverneur de Floride, a officialisé sa candidature à la primaire républicaine de 2016, en vue de la prochaine présidentielle américaine.

Article rédigé par Jéromine Santo-Gammaire
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Jeb Bush, candidat à la primaire républicaine en vue de la prochaine élection présidentielle américaine, lance officiellement sa campagne, le 15 juin 2015, à Miami (Floride). (JOE SKIPPER / REUTERS)

Dans la famille Bush, je demande Jeb. A 62 ans, le fils de George Bush père, et le frère de George W. Bush, vient d'entrer officiellement dans la course à la Maison Blanche, lundi 15 juin, en annonçant sa candidature à la primaire républicaine de 2016. "Je ne prendrai rien, ni personne pour acquis. Je ferai campagne avec mon cœur. Je ferai campagne pour gagner", a-t-il lancé lors d'un discours à Miami, mettant fin à six mois de faux suspense. Mais qui est vraiment Jeb Bush ?

Ses parents croyaient plus en lui qu'en George W.

Dans les années 90, le premier choix de ses parents pour la succession à la Maison Blanche, c'était lui. Intelligent, sérieux, accomplissant une brillante carrière dans l'immobilier (mais piètre orateur, tout de même), Jeb a notamment l'avantage de ne pas traîner les mêmes problèmes d'alcoolisme que ceux de son frère aîné George.

De gauche à droite, George W. Bush Junior, Jeb Bush, George Bush père et Barbara Bush, réunis le 25 septembre 1999, à Brookline (Massachusetts). (JOHN MOTTERN / AFP)

Alors, en 1994, lorsque George W. est candidat au poste de gouverneur du Texas, et que Jeb est en lice pour celui de gouverneur de Floride, les parents Bush prennent la direction de Miami, persuadés que leur chouchou, favori dans les sondages, va l'emporter. Loupé ! Jeb est battu, tandis que son frère l'emporte à la surprise générale, s'ouvrant la voie vers la Maison Blanche quelques années plus tard. Jeb, lui, devra attendre 1998 pour réussir à se faire élire gouverneur de Floride, rappelle Libération.

Sa mère estime qu'"on a eu suffisamment de Bush"

Des années plus tard, la mère, Barbara Bush, ne semble plus si enthousiaste à l'idée de voir Jeb réussir en politique. Deux George Bush à la Maison Blanche - le père, de 1989 à 1993, et le fils, de 2001 à 2009 -, ça suffit. C'est du moins ce que semble penser l'ancienne First Lady, connue pour son franc-parler. Interviewée en 2013 par la chaîne de télévision NBC, elle lâche, à propos des ambitions présidentielles de Jeb : "Il y a d'autres personnes qui sont très qualifiées. Nous avons eu assez de Bush ! Il faudrait qu'il y ait plus de deux ou trois familles qui soient candidates aux plus hautes fonctions aux Etats-Unis."

Depuis, Barbara Bush a corrigé le tir. Afin de ne pas affaiblir (davantage) la candidature de son fils, elle est ainsi apparue par vidéoconférence dans des meetings de Jeb, pour soutenir sa candidature. Et affirmé qu'elle avait changé d'avis, et ne verrait pas d'un si mauvais œil l'arrivée un troisième Bush à la Maison Blanche en moins de trente ans.

La lutte anti-euthanasie l'a fait remarquer

Au cours de sa carrière, Jeb Bush s'est notamment illustré par un militantisme virulent contre l'euthanasie. En mars 2005, l'alimentation artificielle de Terri Schiavo, dans le coma depuis quinze ans, est débranchée, au terme d'une longue procédure judiciaire engagée dès 1998. Son mari estime alors qu'elle n'aurait jamais souhaité continuer à vivre dans un état végétatif aussi longtemps, tandis que ses parents veulent continuer à l'alimenter par intubation. A l'époque, la lutte contre l'euthanasie fait partie des principaux chevaux de bataille des groupes de conservateurs chrétiens.

Passionnément anti-euthanasie, Jeb Bush s'engage personnellement sur ce cas. Au lendemain de la décision du tribunal de stopper l'alimentation de Terri Schiavo, il fait passer de toute urgence au Congrès un texte de loi, afin d'imposer à un tribunal de Floride de réexaminer le cas. Ses détracteurs accusent alors le gouverneur d'abuser de son pouvoir. Le passage en force, jugé contraire au décret constitutionnel de séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, n'a de toute façon pas porté ses fruits, les juges confirmant finalement la décision d'arrêter les soins de la jeune femme.

La guerre en Irak l'a poussé à la gaffe

Généralement décrit comme sérieux et travailleur, Jeb Bush n'échappe pas pour autant aux erreurs de communication. Le 10 mai 2015, alors qu'il mène déjà campagne de manière officieuse, l'ancien gouverneur de Floride (il s'est éclipsé de la scène politique en 2007) gaffe en pleine interview, sur la chaîne Fox News.  

Alors que la journaliste lui demande si, en ayant connaissance des conséquences de l'intervention américaine en Irak en 2003, il prendrait aujourd'hui la même décision que celle de son frère à l'époque, il répond : 

J’aurais autorisé l’invasion, comme l’avait fait Hillary Clinton, je tiens à le rappeler à tout le monde. Et comme l'auraient également fait pratiquement toutes les personnes qui devaient décider avec les informations qu'ils avaient.

Jeb Bush
 

L'occasion est belle de tacler sa possible adverse à la présidentielle, Hillary Clinton, qui a voté, en 2003, alors qu'elle était sénatrice, pour la guerre. Mais la déclaration scandalise bon nombre d'électeurs américains. Pour se rattraper, quelques jours plus tard, Jeb Bush explique qu'il a mal compris la question qui lui était posée. Et fait machine arrière, pour affirmer que s'il avait su que l'Irak ne détenait pas d'armes de destruction massive, il ne serait pas intervenu. La petite polémique a en tout cas rappelé à l'intéressé combien son nom était autant un fardeau qu'un avantage face aux autres candidats...

L'immigration n'est pas un fardeau à ses yeux... mais pourrait le devenir durant sa campagne

Anti-euthanasie, anti-avortement, pro-armes... Jeb Bush est en revanche plus souple sur les questions d'immigration. Marié à une Mexicaine rencontrée pendant ses études, le républicain a travaillé pendant deux ans au Venezuela, avant d'emménager à Miami. "Si l'on veut comprendre Jeb Bush, cette décision de vivre à Miami est fondamentale, explique dans Libération Matthew Corrigan, auteur d'un livre sur le fils Bush. Il n'est pas allé dans le nord de la Floride, très conservateur. Il est allé dans la ville symbole de l'immigration latino."

L'ancien gouverneur parle ainsi parfaitement l'espagnol, et n'hésite pas à le rappeler quand il s'agit de draguer l'électorat hispanique. Le New York Times (en anglais) raconte même qu'en 2009, lors d'un recensement de la population, Jeb aurait coché par mégarde la case "hispanique", ce qui lui aurait valu sarcasmes et moqueries dans son parti. 

De cette situation familiale, il a en tout cas hérité d'une position relativement ouverte sur la question de l'immigration. Ainsi, Jeb Bush défend par exemple l'idée d'offrir un statut à tous les sans-papiers, ouvrant la voie à des régularisations massives. Reste à savoir si une telle proposition séduira l'électorat conservateur. En début d'année, Jeb Bush se situait, dans les sondages, nettement devant le peloton des autres candidats républicains à la primaire. Depuis, son avance a fondu comme neige au soleil, et il se retrouve au coude-à-coude, selon la moyenne calculée par le site realclearpolitics.com, avec le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, et le sénateur Marco Rubio, deux quadragénaires.

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