Cet article date de plus de douze ans.

Primaires républicaines : qui affrontera Barack Obama ?

Du modéré Mitt Romney au fervent catholique Rick Santorum, à chaque candidat son credo, ses points forts... et ses casseroles. Petit portrait de famille.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Rick Santorum, candidat à l'investiture républicaine et sensation des primaires après une percée dans l'Iowa, le 3 janvier 2012 à Des Moines, Iowa (Etats-Unis). (JOHN GRESS / REUTERS)

La saison des primaires est lancée pour le parti républicain : l'Iowa, le New Hampshire, la Caroline du Sud et la Floride inaugurent en janvier le processus de désignation du candidat qui affrontera le démocrate Barack Obama lors de l'élection présidentielle américaine du 6 novembre.

Du mormon modéré Mitt Romney au très religieux Rick Santorum, le spectre est large et la course s'annonce serrée. FTVi vous présente les principaux prétendants en lice.

• Mitt Romney, le candidat du consensus

Son credo Modéré. Sur la plupart des sujets qui mobilisent les membres les plus conservateurs de son parti, Mitt Romney fait dans la mesure, et n’hésite pas à faire évoluer sa position selon l’ambiance politique, comme sur le droit à l’avortement.

Mitt Romney lors d'un meeting à Council Bluffs, dans l'Iowa (Etats-Unis), le 1er janvier 2012. (RICK WILKING / REUTERS)

Ses points forts Candidat expérimenté - il était déjà parmi les favoris en 2008 -, Mitt Romney est surtout le plus rassembleur de son parti. L'ex-gouverneur du Massachusetts est le seul à être depuis plusieurs mois dans les toutes premières places des sondages, et fait office de favori à l’échelle nationale. Grâce à son positionnement au centre-droit de l’échiquier politique, il peut en outre espérer reprendre les électeurs centristes ayant permis l’élection d’Obama en 2008.

Ses points faibles Le principal atout de Mitt Romney est aussi son plus gros handicap : candidat du consensus, il peine à déclencher l’enthousiasme et ne creuse jamais réellement l'écart dans les sondages. Pour la frange conservatrice du parti, qui veut une opposition plus radicale à Barack Obama, il fait même office de repoussoir, et chacun de ses challengers potentiels fait l'objet d'une attention particulière, comme le souligne le site Politico (article en anglais). Sa richesse personnelle, acquise notamment dans la finance, est délicate à gérer pour son équipe de campagne : en pleine crise, ses opposants dénoncent un homme acquis à la cause de Wall Street et des plus riches. Enfin, ce mormon pourrait pâtir de son appartenance à une religion qui suscite une certaine méfiance, même si ce sujet est pour l’instant peu abordé dans la campagne.

Ses chances de l’emporter Très bonnes. Sa victoire dans la première manche de l'Iowa a conforté sa place de favori. 

• Newt Gingrich, le roublard de la politique

Son credo Conservateur iconoclaste. Aligné avec la majorité de son parti sur les questions de société (il est contre le mariage gay et veut limiter le droit à l’avortement), libéral convaincu sur le plan économique, Newt Gingrich n’hésite cependant pas à prendre des positions considérées comme hétérodoxes sur certains sujets. Il prône par exemple l’intégration de certains immigrés clandestins présents de longue date dans le pays et s’est affiché en 2008 au côté de la démocrate Nancy Pelosi pour défendre la lutte contre le réchauffement climatique.

Newt Gingrich reçoit des chefs d'entreprise à Le Mars, dans l'Iowa (Etats-Unis), le 28 décembre 2011. (JIM YOUNG / REUTERS)

Ses points forts Vétéran de la politique, Newt Gingrich peut s’appuyer sur une longue expérience politique au niveau national : sa première élection au Congrès date de 1978. Fer de lance de l’opposition républicaine à Bill Clinton, il fut le coauteur en 1994 du Contrat avec l’Amérique qui permit aux républicains de reprendre la Chambre des représentants après quarante ans d’hégémonie démocrate.

Ses points faibles Des décennies de carrière politique ont laissé des traces : Newt Gingrich traîne quelques casseroles que ses rivaux ne manquent pas d'évoquer. Il a notamment été condamné en 1997 (article en anglais) par une commission du Congrès à payer 300 000 dollars d’amende pour plusieurs violations des règles éthiques attachées à sa fonction. Quant à sa vie privée plutôt chaotique (il a été marié trois fois), elle le dessert dans l’électorat conservateur.

Ses chances de l’emporter Bonnes. Malgré un résultat décevant dans l'Iowa, il reste un adversaire sérieux pour Mitt Romney.

• Rick Santorum, l’outsider catho

Son credo Le vote religieux. Ce fervent catholique, défenseur acharné de la famille, espère rassembler les électeurs déçus de Michele Bachmann et Rick Perry, évangéliques en tête.

Rick Santorum lors d'une étape de sa tournée "Foi, famille et liberté" à Davenport, dans l'Iowa (Etats-Unis), le 29 décembre 2011. (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Ses points forts Encore classé parmi les figurants il y a quelques semaines, Rick Santorum a fait une étonnante percée dans l’Iowa, où il a fait jeu égal avec Mitt Romney, raflant 25 % des voix et devenant la sensation du moment dans les médias. L'abandon de Michele Bachmann et le faible score de Rick Perry pourraient lui faire bénéficier d'un regain d'intérêt de la part de l'aile la plus conservatrice du parti.

Ses points faibles Ce petit candidat ne possède pas encore la machine de guerre nécessaire à une campagne nationale. Même si son score dans l'Iowa lui a permis de récolter plus d'un million de dollars (780 000 euros) de fonds supplémentaires, il a beaucoup à faire pour rivaliser avec les budgets et les équipes des autres candidats. Rick Santorum a fait dans l'Iowa une campagne de terrain acharnée dont il a récolté les fruits, mais il ne pourra pas reproduire ce modèle pour chaque primaire. 

Ses chances de l’emporter Faibles. Il bénéficie d'une remontée spectaculaire dans les sondages, mais risque de ne pas tenir la distance.

• Ron Paul, le républicain libertaire

Son credo Libertarien. Liberta-quoi ? Peu connu hors des Etats-Unis, ce mouvement met la liberté de l’individu au centre de toutes ses politiques. Les libertariens veulent limiter au maximum les pouvoirs de l’Etat fédéral, que ce soit sur le plan fiscal - Ron Paul veut ainsi supprimer l’impôt sur le revenu (lien en anglais) -, économique ou social. Contrairement à la majorité des républicains, il a des positions progressistes sur de nombreuses questions de société (il ne s’oppose pas au mariage gay ou à la recherche sur les cellules souches) et refuse tout interventionnisme à l’international.

Ron Paul s'exprime lors d'une réunion publique à Le Mars, dans l'Iowa (Etats-Unis), le 30 décembre 2011. (JEFF HAYNES / REUTERS )

Ses points forts Si Ron Paul n’est pas dans les favoris, il est capable de jolis coups d’éclat : percée surprise dans des Etats où ses idées ont la cote, levée de fonds conséquente ou débauchage stratégique chez ses adversaires... 

Ses points faibles Malgré ses récentes percées dans les sondages, Ron Paul reste isolé au sein de son propre parti et intéresse peu les médias. Son “invisibilité” est même devenue l’objet de blagues récurrentes de Jon Stewart (article en anglais), le présentateur de l’émission satirique "The Daily Show". Sans compter qu’une récente polémique sur des écrits racistes publiés en son nom a sérieusement terni son image.

Ses chances de l’emporter Maigres. Malgré les efforts déployés par ses soutiens, notamment le Cato Institute (article en anglais), think tank libertarien de Washington, il est au mieux vu comme un arbitre potentiel entre les favoris.

• Rick Perry, le Texan traditionaliste

Son credo Conservateur chrétien. Fervent partisan de la peine de mort, du port d’armes et d’une baisse drastique des taxes, ce Texan pur jus est le porte-drapeau des idéaux traditionnels républicains. Très croyant, il s’en remet fréquemment à Dieu pour sauver l’Amérique, comme le relate Le Figaro.

Rick Perry pose avec ses supporters à Mt Pleasant, dans l'Iowa (Etats-Unis), le 21 décembre 2011. (JEWEL SAMAD / AFP)

Ses points forts Rassurant pour l’électorat historique du parti, Rick Perry peut aussi s’appuyer sur son bilan en tant que gouverneur du Texas, dont l’économie se porte mieux que celle du reste du pays.

Ses points faibles Peu performant durant la campagne, le candidat a été la risée des commentateurs et d’une partie du public en oubliant le nom d’une des agences gouvernementales qu’il voulait supprimer ou encore en proclamant sa foi dans un clip à la limite du ridicule.

Ses chances de l’emporter Faibles. Sa cote ne cesse de baisser et certains spéculent déjà sur son abandon. 

• Jon Huntsman, l'autre mormon

Son credo Technocrate bipartisan. Ce haut fonctionnaire a débuté sa carrière sous l'administration Reagan, puis a occupé plusieurs postes de diplomate sous George W. Bush. Barack Obama l'a nommé en 2009 ambassadeur des Etats-Unis en Chine, poste dont il a démissionné pour se présenter aux primaires républicaines. 

Le candidat à l'investiture républicaine Jon Huntsman à Concord, dans le New Hampshire (Etats-Unis), le 4 janvier 2012. (JESSICA RINALDI / REUTERS)

Ses points forts Jon Huntsman, de son vrai nom Jon Huntsman Jr., n'a pas de problème d'argent. Son père est le fondateur du puissant groupe de chimie industrielle Huntsman Corporation, et a augmenté de manière substantielle la cagnotte de campagne de son fils. Pro-environnement, modéré sur les questions de société, il peut jouer la carte de l'alternative à Mitt Romney au sein de l'aile centriste du parti républicain. Comme Romney, il a été élevé dans la foi mormone mais s'en est éloigné, se déclarant plus "spirituel" que religieux.

Ses points faibles Son poste de diplomate sous l'administration actuelle lui vaut le mépris des plus anti-Obama de son parti, qui l'accusent d'avoir frayé avec l'ennemi. Il est apprécié dans l'Utah, dont il a été deux fois gouverneur, et par ceux qui l'ont côtoyé, mais manque de reconnaissance sur le plan national.

Ses chances de l'emporter Faibles. Pour l'instant, il n'a jamais réussi à passer la barre des 5 % dans les sondages à l'échelle nationale. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.