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Victoire de la gauche au Chili : "Gabriel Boric a réussi à placer son discours au cœur de l'agenda politique", analyse un spécialiste

Pour Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes (OPALC), la victoire de Gabriel Boric, candidat de gauche progressiste à l'élection présidentielle chilienne, peut s'expliquer par la participation historique au scrutin.

Article rédigé par franceinfo
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Gabriel Boric, le candidat de gauche progressiste, a remporté l'élection présidentielle chilienne avec 56% des voix (ELVIS GONZALEZ / MAXPPP)

Dans l'entre-deux-tours, "Gabriel Boric a réussi à placer son discours au cœur de l'agenda politique et surtout à corriger quelques erreurs qu'il avait pu faire durant le premier tour", analyse le directeur exécutif de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) Gaspard Estrada ce lundi sur franceinfo, après la victoire du candidat de gauche progressiste Gabriel Boric à l'élection présidentielle au Chili avec 56% des voix, contre le candidat d'extrême droite José Antonio Kast.

franceinfo : Cette large victoire du candidat de gauche Gabriel Boric à la présidentielle au Chili est-elle une surprise ?

Oui et je pense que la réponse à cette question se trouve dans la très forte participation, je dirais même une participation historique (55% des inscrits). Pour la première fois dans l'histoire électorale du Chili, on dépasse les huit millions de votants dans une élection et c'est cette hausse de la participation par rapport au premier tour qui explique le score très confortable de Gabriel Boric, qui, de fait, a contribué à ce que José Antonio Kast reconnaisse très vite sa défaite face à son rival de gauche.

Qu'est-ce qui a permis à Gabriel Boric de battre son rival d'extrême droite, alors que ce dernier avait remporté plus de voix au premier tour ?

Je pense qu'il y a eu un entre-deux-tours où Gabriel Boric a réussi à placer son discours au cœur de l'agenda politique et surtout à corriger quelques erreurs qu'il avait pu faire durant le premier tour, notamment en visant à rassembler de manière plus large l'électorat non seulement qui lui était acquis à gauche, mais surtout vers le centre-gauche et même le centre. Il a voulu dissiper des craintes par rapport à son programme en rassemblant de manière plus large un cercle d'économistes, d'experts. Il a aussi reçu le soutien des anciens présidents sociaux-démocrates notamment Ricardo Lagos et Michelle Bachelet qui a fait le déplacement à Santiago. Il fallait rassurer, il fallait tranquilliser et envoyer des signaux d'apaisement.

Quel type de politique va-t-il conduire ? Va-t-il devoir faire des compromis sur ses positions les plus à gauche ?

Compte tenu de la réalité politique du Parlement qui est un congrès fragmenté, il va devoir faire des alliances, des accords. Cela étant dit, je pense qu'il y a certains marqueurs de sa campagne qui devraient être au cœur du début de son mandat. Je pense notamment à la question de la fiscalité, d'une réforme fiscale, et la question de la réforme des retraites, notamment pour pouvoir mettre un peu de public dans un système très privé. Après, c'est clair qu'il va devoir nouer des alliances et peut-être édulcorer son programme pour pouvoir avancer sur ses mesures phares.

La victoire de la gauche est-elle un revers pour les Etats-Unis ?

L'influence des Etats-Unis est en retrait en Amérique latine depuis quelques années. On voit surtout l'émergence de la Chine qui s'impose notamment en tant que partenaire économique. Aujourd'hui, la Chine est le premier partenaire commercial du Chili. C'est donc devenu un enjeu moindre pour les Etats-Unis compte tenu de la perte d'influence de Washington dans la région latine américaine.

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