"Nous, citoyens, sommes fatigués de la corruption" : 36 millions de Colombiens appelés à s’exprimer via référendum
Grâce à l'initiative d'une ancienne sénatrice qui a recueilli quatre millions de signatures, un référendum est organisé dimanche en Colombie contre la corruption. Objectif : donner au congrès un mandat obligatoire pour qu'il adopte des mesures anti-corruption d'ici un an.
Ce cancer de Colombie qui s’appelle la corruption. Sur les réseaux sociaux, le clip pour appeler les Colombiens à voter dimanche 26 août est devenu viral. Le jeune président de la République Ivan Duque a lui aussi appelé ses concitoyens à voter.
La corrupción en nuestro país tiene tres grandes ismos: el amiguismo, el populismo y el clientelismo. Magistral explicación de Ivan Duque. pic.twitter.com/bmU2tD7Tru
— Duque Presidente (@YoCreoEnDuque) 13 janvier 2017
"C’est un devoir citoyen que d’aller aux urnes et voter pour envoyer un message à la Colombie, un seul message : en matière de lutte contre la corruption, tous les efforts sont utiles", dit le président colombien.
Ivan Duque se démarque donc de son parti et de son mentor l’ancien président Alvaro Uribe qui, eux, critiquent le référendum. Ils le jugent inutile et trop coûteux.
Un parlementaire gagne 40 fois le salaire minimum
Les électeurs colombiens devront répondre à sept questions. Elles vont de la réduction des salaires des parlementaires à la transparence des marchés publics. Pour la chercheuse universitaire, Carolina Isaza, la valeur du référendum est avant tout symbolique. "C’est une façon d’envoyer un message aux politiques, dans le cadre des mécanismes démocratiques, dit-elle. Nous, citoyens, sommes fatigués de la corruption. Le Congrès ne fait pas les réformes qu’il devrait faire, encore moins si elles touchent aux intérêts de ses membres."
Dans ce pays où plus de 60% de la population vit dans la pauvreté, un parlementaire gagne plus de 40 salaires minimums, soit environ 9 000 euros. "En Colombie on peut vivre, travailler et avoir accès aux services public, sans payer de bakchich", affirme Carolina Isaza.
Le vrai problème est la grande corruption, celle des appels d’offre, celle des marchés publics et celle de hauts fonctionnaires qui, surtout en province, utilisent les deniers publics pour s’enrichir, ou enrichir leur famille ou leur parti
Carolina Isaza, chercheuse universitaireavec franceinfo
Claire Launay de Transparencia International complète cette présentation. "La corruption c’est aussi beaucoup d’argent illégal lié au narcotrafic qui entre dans les ressources publiques. La corruption existe depuis toujours, simplement elle était occultée par le conflit armé. Avec la signature du processus de paix, la corruption est devenue depuis à peu près deux ans, un thème d’agenda public, extrêmement important".
La musique est virale mais l’affaire n’est pas gagnée. Toute la question est de savoir si, dans ce pays très abstentionniste, les Colombiens vont aller voter.
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