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Les trafics des bandes armées en Colombie

Bien qu’officiellement désarmés, les anciens paramilitaires sèment toujours la terreur dans plusieurs régions de Colombie. Ils ont à leur actif des milliers de morts et de déplacés : paysans, commerçants, témoins gênants. Ces barons de la drogue investissent aujourd’hui le secteur de l’or.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La police colombienne, appuyée par des hélicoptères, traque sur le terrain les trafiquants de drogue (25/01/2011). (AFP PHOTO/GUILLERMO LEGARIA)

Créées en 1997, les milices d'extrême-droite Autodéfenses unies de Colombie (AUC) ont été financées, notamment, par de grands propriétaires terriens. Ces derniers pensaient ainsi lutter contre la guérilla marxiste des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple) qui défendait depuis 1964 les intérêts des petits paysans.

Sous couvert de leur mission, les paramilitaires ont rapidement pris le contrôle de vastes territoires agricoles pour cultiver et faire transiter de la cocaïne vers les Etats-Unis. Un commerce lucratif pour faire tourner l'organisation.

Malgré leur démobilisation officielle entre 2003 et 2006, les AUC ont continué leurs activités criminelles dans leur fief de Cordoba, dans le département voisin d’Antioquia, bordés par la mer des Caraïbes, et celui de Narino qui donne sur le pacifique. Seul leur nom a changé : dans les rapports officiels, on les appelle les Bacrim (Bandes criminelles émergentes).


Une loi en faveur des paysans spoliés
En 2010, le président Juan Manuel Santos a fait adopter une loi de restitution des terres. Elle doit permettre d’ici à 2014 de rendre à ses propriétaires quelque deux millions d'hectares de terres spoliées. Un vœu pieux qui n'a eu pour l’heure qu’un effet relatif. Devant le recours à la force et à l'intimidation systématiques des groupes armées, les petits paysans désertent leur région plutôt que de perdre la vie.

Ces quinze dernières années, de 1,2 à 5,5 millions d'hectares ont changé de mains. 45% des terres cultivables appartiennent à 1% des Colombiens et plus de quatre millions de personnes ont été chassées des campagnes. Une des répartitions des terres les moins équitables du monde avec le Brésil et un record qui place la Colombie juste après le Soudan et sur le même pied d’égalité avec l'Irak en nombre de déplacés.

 

Pour tout l'or de la Colombie
 

 

L'or, secteur porteur pour les bandes armées
A l’heure où les cours de l’or, devenu une valeur refuge, s’envolent, la Colombie est de nouveau l’eldorado qu’elle était au 19e siècle et avant la guerre civile. Le pays, qui pourrait exporter d’ici à 2013 plus de 100 tonnes du précieux métal jaune, exporte désormais plus d’or que de café.

Les zones d’exploitation se situent surtout dans la cordillère orientale, sur la côte pacifique ou dans le bassin amazonien, où les orpailleurs viennent faire fortune. Ces hommes travaillaient auparavant dans des champs de coca avant qu’ils soient détruits par le gouvernement.

Si la majorité des concessions minières - une cinquantaine - appartient à des entreprises étrangères, un grand nombre d’exploitations sont illégales et dirigées par des hommes des Bacrim, essentiellement dans les plaines. Dans les montagnes, l’or reste le domaine réservé des Farc qui, bien qu’affaiblies, comptent encore quelque 9.000 membres.


Medellin au coeur des trafics
En quelques années, l’or est devenu la première source de financement de ces groupes criminels devant la cocaïne et les enlèvements. C’est à Medellin, ville d’où part le précieux métal vers les Etats-Unis, que le juteux trafic aurifère prospère en parallèle du narcotrafic.

«La Colombie exporte plus d’or qu’elle n’en produit. La différence provient du trafic d’or qui sert à blanchir l’argent de la drogue», expliquait en janvier 2012 dans Le Figaro (accès payant) M.Suarez, le directeur de la cellule de renseignement financier colombien. Aujourd’hui, le crime organisé sait encore faire fructifier ses intérêts en Colombie.

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