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Le réchauffement climatique, grand absent de la présidentielle américaine

En pleine crise liée à l'ouragan Sandy, la candidate du Parti vert américain interpelle Mitt Romney et Barack Obama sur les conséquences du réchauffement climatique. Probablement en vain.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'ouragan Sandy immortalisé par les satellites de la Nasa sur la côte est des Etats-Unis, le 30 octobre 2012. (NASA / REUTERS)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - "La tempête Sandy n'est pas le premier avertissement que nous recevons. N'attendons pas qu'il y en ait un nouveau pour agir en faveur de la transition écologique." Jill Stein, candidate pour le Parti vert à l'élection présidentielle américaine, a interpellé Mitt Romney et Barack Obama dimanche 28 octobre sur son site officiel (en anglais). Elle les accuse d'ignorer l'urgence liée au réchauffement climatique, qui augmenterait les risques d'évènements météorologiques extrêmes – une hypothèse qui divise encore la communauté scientifique.

Alors que les premières bourrasques de l'ouragan Sandy léchaient la côte est, Jill Stein, qui ne peut guère espérer décrocher plus de 1% des voix le 6 novembre, a lancé : "Républicains et démocrates comparent tous une victoire de leur adversaire à la fin du monde. Peut-être qu'ils ont raison !" 

Mais même avec l'appui de Sandy, elle aura fort à faire pour attirer l'attention sur le sujet dans une campagne largement dominée par la crise économique. Car l'un comme l'autre des deux camps se garde bien de mettre le climat au premier plan.

Le réchauffement climatique absent des débats

La candidate du Parti vert à la présidentielle américaine Jill Stein lors de la convention de son parti le 14 juillet 2012 à Baltimore, dans le Maryland (Etats-Unis). (JONATHAN ERNST / REUTERS)

Pour les écologistes, le dernier débat entre les deux candidats, le 22 octobre, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le réchauffement climatique n'a pas été mentionné une seule fois au cours des trois échanges qui ont opposé Mitt Romney à Barack Obama en octobre, pas plus que dans celui de leurs colistiers

"C'était la première fois depuis 1988 que le réchauffement climatique n'est discuté dans aucun des débats de la présidentielle", pouvait-on lire en boucle le lendemain sur Twitter. La chronologie a été établie par Climate Silence, un site américain qui dénonce l'absence du sujet dans le discours des deux grands candidats. Elle est loin, l'époque où le réchauffement climatique faisait recette, porté par le démocrate Al Gore et son film au succès planétaire Une vérité qui dérange, sorti en 2006.

Climate Silence illustre par une frise le chemin parcouru par Mitt Romney et Barack Obama sur le sujet depuis 2007. D'après eux, le démocrate a peu à peu renoncé à une action forte pour lutter contre le réchauffement climatique, tandis que le républicain a lui petit à petit rejoint le camp des climatosceptiques. 

Mitt Romney, pro-pétrole et climatosceptique en puissance 

Rien d'étonnant à cela. Dans un sondage publié lundi 29 octobre par le Pew Research Center, 49% des électeurs de Mitt Romney estiment qu'il n'y a pas de "preuve solide que la Terre se réchauffe". Autant dire qu'il n'a pas vraiment intérêt à faire du sujet son cheval de bataille.

Ecologistes et démocrates l'accusent carrément d'être à la botte du lobby pétrolier. Le magazine américain Mother Jones, marqué à gauche et pro-environnement, vient de consacrer un long portrait à Harold Hamm, magnat du pétrole et conseiller du républicain sur la politique énergétique.

Romney ne cache pas dans son programme vouloir développer plus avant l'exploration pétrolière, notamment offshore. Et accuse le président Obama d'avoir privé les Américains d'une source d'énergie peu chère en limitant les forages.

Un président qui regarde ailleurs

Barack Obama, lui, a bien essayé de faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en début de mandat, mais il s'est heurté à l'opposition du Congrès. Puis, au printemps 2012, la flambée des prix de l'essence, durement ressentie par la classe moyenne, lui a déjà coûté une forte chute de popularité. Pas question dans ces conditions de parler énergies renouvelables ou taxe carbone.

Vendredi 26 octobre, quatre jour après le dernier débat, c'est un présentateur de la chaîne MTV qui a finalement posé la question de la lutte contre le réchauffement climatique au président. "Je suis étonné que (cela) n'ait pas été abordé lors des débats", s'est étonné Obama, tout en reconnaissant que les Etats-Unis "n'avancent pas assez vite" sur ce sujet.

Un sujet pas vraiment porté par l'opinion

Mais Barack Obama joue ici les faux ingénus : lui-même n'a rien fait pour mettre la question sur le tapis au cours des échanges. Le président-candidat sait qu'avec la crise économique, le réchauffement climatique est passé à l'arrière-plan des préoccupations de ses électeurs.

Dans un sondage réalisé en juillet dernier par l'institut Gallup, la protection de l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique arrivaient en dernière place des douze dossiers que les électeurs jugeaient prioritaires pour le futur président.

Comme le résume (en anglais) le Christian Science Monitor, paraphrasant l'ancienne politique de l'armée américaine concernant les soldats homosexuels ("Don't Ask, Don't Tell"), quand il s'agit du réchauffement climatique, "les électeurs ne demandent rien, et les candidats ne répondent pas" ("Voters don't ask, and presidential candidates don't tell").

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