La guérilla des Farc à l'heure médiatique
Dans un message publié, dimanche 13 mai, par l'agence cubaine Prensa latina et repris sur le compte Twitter de l'agence colombienne Anncol, proche de la guérilla, les Farc «ont fait part de leur disposition à relâcher le journaliste français Roméo Langlois».
Mais le groupe rebelle qui dit vouloir remettre Roméo Langlois en lieu sûr à une délégation formée du CICR, de l'ex-sénatrice colombienne et médiatrice Piedad Cordoba, responsable de l’ONG «Colombiennes pour la paix» et d'un représentant du nouveau président François Hollande, ne donne ni date ni lieu.
Le correspondant de la chaîne France 24 en Colombie, 35 ans, a été capturé lors de l'attaque d'une unité anti-drogue de l'armée colombienne qu'il accompagnait pour un reportage sur le démantèlement de laboratoires de drogue des Farc dans le département de Caqueta, la jungle du Sud fief de la rébellion marxiste abritant d'importants dépôts de drogue.
Sa capture a soulevé un tollé, relayé par les organismes humanitaires et de défense de la presse, qui avaient rappelé à la guérilla sa promesse de ne plus prendre d'otages, tout en soulignant que M. Langlois jouissait de la protection accordée aux civils par les conventions internationales. Elle s'était, en effet, engagée en février à renoncer à la pratique des enlèvements contre rançon, avant de relâcher en avril les derniers policiers et militaires retenus en captivité.
Dans un premier temps, l'organisation avait posé comme condition préalable à la libération du correspondant de France 24 à Bogota la tenue d’«un débat» avec les autorités colombiennes sur la liberté de presse et l'impartialité des médias. Une offre rejetée par le gouvernement colombien qui a reproché au Farc de se livrer à un «exercice médiatique».
Les Farc à l'ère de la communication
Fondée en 1964 d'une révolte paysanne, la rébellion la plus ancienne d'Amérique latine qui compte encore 9.200 combattants, repliés dans les régions de montagne et de forêt, profite désormais des nouvelles technologies pour distiller ses messages, souvent guettés lors de crises liées à des otages.
«Les Farc ont réussi à s'adapter aux moyens de communications qui leur permettent de donner des réactions beaucoup plus rapides qu'avant», affirme Alfredo Rangel, directeur de la fondation Sécurité et Démocratie.
Le canal officiel des Forces armées révolutionnaires de Colombie est devenu sa page internet, dont l'hébergeur se situe, ironie de la situation, dans l'Etat de l'Arizona, aux Etats-Unis, ennemi déclaré de cette guérilla marxiste. Toutefois le portail internet de la guérilla colombienne a été la cible d'un piratage et n'est plus accessible actuellement.
Mais d'autres sites partageant la même ligne relaient parfois ses communiqués comme Anncol, Agence d'information nouvelle Colombie et son blog, et l'Agence bolivarienne de presse.
L'internet s'avère un des moyens les plus sûrs pour les guérilleros qui ont quasiment mis fin aux communications directes avec les journalistes, de peur d'être repérés en utilisant un téléphone satellitaire, mésaventure survenue au porte-parole des Farc Raul Reyes (video en espagnol), tué lors d'un bombardement effectué par l'armée en 2008.
Chacune des unités régionales de la guérilla, où se répartissent 9.200 combattants repliés dans les zones rurales, «dispose aussi de sa propre radio locale» pour faire passer des messages dans ses rangs, explique Ariel Avila, enquêteur à la fondation Nuevo Arco Iris, spécialiste du conflit. «Le ministère de la Défense bombarde aussi ces stations», poursuit M. Avila, en précisant que ces unités utilisent en outre une page internet, dont elles changent régulièrement l'adresse face à la traque cybernétique du gouvernement.
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