"La démocratie a été bafouée" : Au Pérou, les manifestants qui réclament la démission de la présidente s'organisent "pour changer les choses"
Victoria tient son bébé dans un bras, dans l'autre un pack d'eau qu’elle vient déposer à l'université nationale d'ingénierie de Lima. Une façon pour elle d’aider les manifestants venus de loin pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte. Beaucoup sont arrivés il y a quelques jours à Lima, de toutes les régions, en particulier celles du sud, épicentre du mécontentement. Ils étaient venus pour la grande journée de grève et de manifestation, le jeudi 19 dans la capitale, et comptent rester jusqu’à ce que Dina Boluarte s’en aille. Victoria est indignée par la réponse du gouvernement dans cette crise politique et la violence de la répression : au moins 45 personnes sont mortes depuis le début du mois de décembre.
"Dina Boluarte doit démissionner, elle est trop indifférente à tous ces morts, estime Victoria. La démocratie a été bafouée, où est le respect des droits humains ? Croyez-moi, si je n'avais pas mon bébé et que je devais mourir pour mon pays, je le ferais. C'est comme ça que je soutiens cette lutte". Jorge, lui, est venu avec un ami déposer quelques sacs de nourriture. "J'ai apporté du pain, maintenant je lis qu'il faut des sandales, des vêtements. Je vais revenir demain, explique-t-il. Je n'habite pas près d'ici mais c'est un effort qu'on fait pour contribuer avec notre petit grain de sable. Cela va peut être aider à faire changer les choses."
"Le peuple péruvien s'est uni"
Les organisateurs filtrent les entrées et reçoivent les dons à la porte. À l’intérieur de l'université, une centaine d’étudiants sont logés. "On ne peut pas bouger d'ici ni une minute car les dons arrivent toute la journée, à chaque instant, raconte Monica, 30 ans, une bénévole en charge de la redistribution. Le matin on nous apporte des marmites pour le petit déjeuner, on doit les distribuer, ensuite c'est pour le déjeuner, et c’est comme ça toute la journée".
"C'est surprenant de voir comment les gens apportent des choses, petit à petit. Le peuple péruvien s'est uni".
Monica, bénévole participant à une distribution alimentaireà franceinfo
Les étudiants redoutent surtout de se faire déloger par la police, accusée de vouloir intimider les manifestants. Dans l’après-midi de vendredi, une centaine de policiers faisaient le pied de grue devant un autre campus. Un hélicoptère de l’armée survolait même les lieux. Dans la soirée, la présidente Dina Boluarte a de nouveau appelé au calme.
Le mouvement de contestation a démarré après la destitution et l'arrestation du président de gauche Pedro Castillo. Il est accusé d'avoir tenté un coup d'État en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
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