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La Colombie, un pays vulnérable face au réchauffement climatique
La catastrophe naturelle de Mocoa était prévisible. A l'origine du drame, la déforestation. En dépit d'une politique environnementale volontariste, le changement climatique est une menace prégnante en Colombie.
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Le président colombien Juan Emmanuel Santos a attribué la catastrophe climatique de Mocoa, la capitale de la province de Putumayo (sud-est du pays), au changement climatique. La coulée de boue et de débris provoquée par les pluies diluviennes et le débordement des cours d’eau a fait plus de 300 morts, selon le dernier bilan disponible. Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2017, il a autant plu à Mocoa qu'en 15 jours normalement.
La faute au déboisement
Selon les experts, la déforestation est à l'origine du glissement de terrain de Mocoa qui était par ailleurs prévisible. «Un rapport de juin 2016 émanant de l'autorité environnementale de la région, Corpo Amazonia, recommandait l'évacuation du quartier qui a été le plus touché, et le relogement de ses habitants», rapporte RFI.
«Les forêts occupent près de 55% du territoire de la Colombie (...). Le déboisement – dû surtout à la transformation de forêts en pâturages – a des répercussions très importantes sur les régions amazonienne, caribéenne et andine du pays. Même si le taux de déboisement a diminué récemment, entre 30 et 50% des écosystèmes naturels ont déjà été modifiés d’une façon ou d’une autre», notait un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publié en 2014.
«L’économie colombienne connaît une croissance rapide et le pays doit agir sans attendre pour protéger des forêts et des écosystèmes parmi les plus riches de la planète», préconisait alors Simon Upton, directeur de l’environnement à l’OCDE.
Une politique environnementale volontariste
«La Colombie est un pays particulièrement vulnérable au changement climatique, étant donné que sa population s'est installée dans des zones sujettes aux inondations et dans les terres instables des hautes sierras», résume un document du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur les changements climatiques en Colombie.
Conscient de sa fragilité, Bogota a toujours été aux premières loges de la lutte contre le réchauffement climatique. En une décennie, la Colombie a augmenté sa résilience aux changements climatiques de plus de 20 points d’après les derniers chiffres du ND-GAIN Country Index qui mesure la vulnérabilité et la capacité des pays à faire face aux effets du réchauffement climatique. Entre 1995 et 2015, l’index est passé de 90 à 72.
Depuis 1993, la Colombie s'est dotée d'une loi sur la gestion de l'environnement connue sous le nom de «loi 99». C'est l'un des dispositifs les plus avancés en Amérique latine. Au cœur du système, un ministère de l'environnement qui assure la coordination d'un Système environnemental national (SINA).
Malheureusement, après sa fusion en 2002 avec le ministère du Logement, l'action environnementale a été minorée. Il faudra attendre les inondations dramatiques liées à la Niña en 2011 – elles ont touché 3 millions de personnes et coûté 2% de PIB à la Colombie, selon l'OCDE – pour que le ministère de l'Environnement et du Développement durable soit rétabli.
De même, la Colombie a mis en place en 2000 une structure de veille sur le changement climatique, bien avant de nombreux Etats. En septembre 2015, la Colombie a été le premier pays d’Amérique du Sud à avoir transmis sa contribution nationale (INDC) dans le cadre de le cadre de la Cop21 et en prélude à la signature de l’accord climat de Paris.
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