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La Colombie à la recherche du trésor caché des Farc

Alors que le gouvernement colombien et les Farc semblent parvenir à un accord historique, un article du journal britannique «The Economist» a ravivé la polémique sur la fortune supposée de la guérilla. L'argent des Farc, qu'ils auraient caché ou investi à l'étranger, pourrait servir dans le prochain accord de paix. Mais leurs leaders se disent sans-le-sou.
Article rédigé par Laura Martin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les Farc suivent un cours, expliquant les détails de l'accord avec le gouvernement, dans un camp en montagne le 18 février 2016. (LUIS ACOSTA / AFP)

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) détiendraient des milliards de dollars. C'est en tout cas ce que pense l'hebdomadaire financier britannique The Economist qui a relancé le débat sur la fortune supposée de la guérilla avec un article intitulée Unfunny money (L'argent qui ne fait rire personne, NDLR).

Selon le journal, citant un document d'analystes du gouvernement colombien, les Farc auraient amassé 10,5 milliards de dollars, soit plus de 9 milliards d'euros, en 2012. Pour certains experts, le chiffre serait exagéré, mais la fortune des Farc bien réelle.

Les affirmations du journal les ont fait bondir: «Quelle boulette (l'article de) The Economist. Il devrait vérifier ses sources et ne pas croire en des fables sur des fortunes imaginaires de la rébellion», a écrit sur ce tweet Ivan Marquez, chef de la délégation des Farc à La Havane, où se tiennent les pourparlers de paix pour mettre fin à une guerre avec l'Etat colombien qui dure depuis plus de 50 ans.


«Aucun être humain ne prend les armes contre un régime injuste pour s'enrichir», a-t-il ajouté sur Twitter.

Un possible pactole pour les victimes
Les Farc ont toujours prétendu vivre dans la pauvreté. Mais s'ils gagnent réellement des milliards de dollars, le pactole pourrait revenir dans les mains de l'Etat. Le Président Juan Manuel Santos a déjà prévenu que si cet argent venait à être découvert, il serait saisi. Son négociateur auprès de la guerilla, Sergio Jaramillo, a fait de même: «Si les Farc ont l'idée d'en garder une partie, qui serait évidemment d'origine illégale, l'Etat va utiliser tous les outils (...) pour le saisir.»

Dans le cadre de l'accord de paix, ces sommes pourraient notamment servir à indemniser les victimes de la guérilla. L'accord se trouve pour le moment dans l'impasse mais une grande avancée a eu lieu en septembre 2015 grâce à un arrangement avec l'Etat pour garantir l'amnistie aux guérilleros auteurs de crimes politiques. 

Pauvres, les Farc?
Depuis le début des négociations de paix en 2012, l'Etat tente de mettre la main sur les possibles ressources des Farc.

Elles seraient très importantes, contrairement à ce que veulent faire croire ses leaders. Dans le classement Forbes des organisations terroristes les plus riches du monde en 2014, les Farc arrivent en troisième position, après le groupe Etat islamique et le Hamas. D'après le magazine, le trafic et la production de drogue, le kidnapping et l'extraction de métaux, comme l'or, leur ont permis d'engranger un chiffre d'affaires de 600 millions de dollars (518 millions d'euros) en 2014.

Un rapport du ministère de la Justice américain, cité par Forbes, a évalué que la production de drogue des Farc représente 50% du commerce international de cocaïne. Les Etats-Unis ont d'ailleurs proposé leur aide à l'Etat colombien «pour chercher toute ressource de la guérilla».

Pourtant, même si cette dernière possède probablement une petite fortune, aucun de ses leaders n'apparaît dans les Panama papers, les documents révélant les montages financiers des clients d'une banque panaméenne. The Economist ne manque pas de pointer que deux négociateurs du gouvernement en font, eux, partie.

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