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L'Argentine est-elle en faillite ? [à vrai dire]

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Durée de la vidéo : 3 min
Article rédigé par TV5MONDE - Laurie Fachaux
France Télévisions

Depuis 2018, l'Argentine connaît une profonde crise économique. La population manifeste contre le plus gros prêt de l'histoire du Fonds monétaire international (FMI) : une aide de 57 milliards de dollars a été allouée au pays latino-américain en 2018. Le FMI vient d'envoyer une mission à Buenos Aires, alors que le gouvernement assure ne pas pouvoir rembourser cette dette. À vrai dire, l'Argentine est-elle en faillite ? Analyse.

Le nouveau président, le péroniste de centre-gauche Alberto Fernández, a déclaré le 22 décembre 2019 que l'Argentine se trouvait en "défaut de paiement virtuel". « En 2001, nous avions une dette impayée, une dette par défaut.
 Maintenant nous sommes en défaut de paiement virtuel." Le défaut de paiement virtuel signifie que l'Argentine n'a pas remboursé le FMI dans les temps impartis.

Quel est le montant de la dette argentine ?

L'Argentine s'est endettée sans compter. Au total 311 milliards de dollars,
soit 88% de son Produit Intérieur Brut.

En 2018, Buenos Aires obtenait le plus gros prêt de l'histoire du Fonds Monétaire International :  57 milliards de dollars.

Le FMI a trop prêté à l'Argentine.

Carlos Quenan, vice-président de l'Institut des Amériques

Quelles conséquences pour les Argentins ?

Aujourd'hui, les caisses de l'état sont vides. Plus d'un Argentin sur trois vit sous le seuil de pauvreté. L'inflation a atteint 52,9% en un an.

"Un kilo de pain valait 20 pesos avant. Maintenant, il vaut entre 80 et 100 pesos. Parfois, vous pouvez même le trouver à 120 pesos !", se lamente Roxana Benega, une habitante du bidonville Villa Zavaleta à Buenos Aires.

L'Argentine peut-elle éviter la faillite ?

Le FMI, qui revient tout juste d’une mission en Argentine, confirme qu’il est impossible pour Buenos Aires de rembourser sa dette. Carlos Quenan, économiste et vice-président de l'Institut des Amériques, estime également que "l'Argentine ne peut pas payer sa dette".

Une partie de la dette étant en dollars, le pays "ne peut pas dégager un excédent de la balance des paiements". Par ailleurs, "le niveau de réserves du pays (notamment en dollars, NDLR) ne lui permet pas d'affronter les échéances de remboursement qui arrivent dès 2020", assure l'économiste.

Quant au prêt du FMI, "de nombreux observateurs considèrent que le FMI a trop prêté à l'Argentine, ou en tout cas a prêté de manière laxiste", souligne Carlos Quenan.

L'Argentine doit aussi réformer ses dépenses publiques pour dégager des fonds et rembourser sa dette.

Gabriel Giménez-Roche, enseignant à la NOEMA Business School

Les espoirs de s'en sortir sont minces. Mais en tout cas, selon Gabriel Giménez-Roche, enseignant-chercheur à la NOEMA Business School, deux conditions sont nécessaires pour une sortie de crise.

L'Argentine doit "rééchelonner sa dette et renégocier son coût, c'est-à-dire ses taux d'intérêt". Le pays doit aussi "réformer ses dépenses publiques pour dégager des fonds et rembourser sa dette", estime Gabriel Giménez-Roche.

L'Argentine doit aussi réformer ses dépenses publiques pour dégager des fonds et rembourser sa dette.

Gabriel Giménez-Roche, enseignant-chercheur à la NOEMA Business School

Aujourd’hui, l’Argentine et donc en défaut de paiement virtuel, pas en faillite. Pour éviter la banqueroute, l'Argentine n'a pas d'autre choix que de convaincre le FMI pour renégocier sa dette. Et le gouvernement argentin veut aller vite.

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