Tuerie d'Orlando : Omar Mateen fréquentait le club gay qu'il a attaqué
Des témoins interrogés par les médias américains ajoutent de nouveaux détails au portrait d'Omar Mateen, éclairant son passé.
Omar Mateen, l'auteur de la tuerie perpétrée au Pulse, un club gay d'Orlando (Floride, Etats-Unis), qui a fait 49 morts et 53 blessés, a fréquenté le lieu à plusieurs reprises. Il était aussi inscrit sur un réseau social gay, selon des témoins, cités lundi 13 juin par des médias américains. Ces témoignages, qui doivent être pris avec précaution, viennent nuancer le profil simpliste d'un tueur "radicalisé sur internet", comme l'affirme la Maison Blanche.
Que disent ces nouveaux témoignages ?
"Il était gay", clame le New York Post en une de son édition de mardi. Mais c'est une conclusion un peu rapide. Voici ce que racontent les différents témoins contactés par la presse.
Omar Mateen a été vu plusieurs fois au Pulse. Au moins quatre habitués du club gay assurent l'avoir déjà vu. Parmi eux, Ty Smith et Chris Callen. "Parfois, il allait dans un coin pour s'asseoir et boire seul. Et d'autres fois, il était tellement ivre qu'il devenait bagarreur", a déclaré Ty Smith au quotidien Orlando Sentinel, assurant avoir vu le terroriste présumé au moins une douzaine de fois au Pulse. "Nous n'avons pas vraiment beaucoup discuté avec lui, mais je me souviens de lui disant des choses à propos de son père, a précisé Ty Smith. Il nous a dit qu'il avait une femme et un enfant." Son mari, Chris Callen, confirme ces informations, et ajoute qu'ils ont cessé de lui parler depuis le jour où il aurait "sorti un couteau", après une plaisanterie sur la religion, selon Gawker.
Il était aussi inscrit sur des applis de drague gay. Cord Cedeno, un autre habitué de la boîte de nuit, a déclaré à MSNBC "l'avoir reconnu sur Grindr", une application de drague utilisée par les hommes homosexuels. Mais il a coupé le contact, car il trouvait Mateen "flippant". De son côté, Kevin West, également client du bar, explique au Los Angeles Times avoir été en contact de façon irrégulière avec lui "pendant un an, via l'appli Jack'd", un autre réseau social gay.
Son ex-femme ne s'exprime pas sur le sujet, contrairement à ce que laissent penser certains médias américains. Interrogée par CNN, Sitora Yusufiy, l'ex-femme d'Omar Mateen, a déclaré "ne pas savoir" s'il était homosexuel. Elle explique seulement qu'il lui a "parlé de son passé, de son goût pour la fête et les boîtes de nuit". C'est son fiancé, Marco Dias, qui a raconté à une télévision brésilienne que Sitora Yusufiy pensait que Mateen avait "des tendances homo", mais que "le FBI lui avait demandé de ne pas en parler aux médias américains".
Un camarade de promo assure avoir refusé ses avances. Un ancien élève de l'académie de police d'Indian River Community College, où Omar Mateen a étudié en 2006, raconte au Palm Beach Post s'être rendu plusieurs fois dans des clubs gays avec lui. Omar Mateen l'aurait invité à sortir avec lui, mais "à l'époque, je n'étais pas ouvertement homosexuel, alors j'ai décliné l'invitation". Il le décrit comme un homme "au comportement social étrange", "qui voulait juste trouver sa place, mais personne ne l'appréciait".
Est-ce que cela peut faire évoluer l'enquête ?
Cela n'enlève rien au caractère homophobe de l'attaque, mais ces témoignages, qui doivent être vérifiés et recoupés par les enquêteurs, permettent d'en savoir un peu plus sur la personnalité complexe d'Omar Mateen.
Cela peut révéler des motivations plus complexes que la seule radicalisation religieuse. "Il détestait peut-être qui il était", imagine Chris Callen. Une hypothèse envisagée aussi par Jean-Luc Mélenchon, lundi, qui écrivait, sur sa page Facebook : "Ce meurtrier religieux a tout d’un pécheur empêché. La haine des autres est souvent une forme de guerre avec soi"
Cela peut remettre en question la version du père de Mateen. Seddique Mateen, le père du tireur, assure que son fils s'est mis en colère, un jour, en voyant deux hommes s'embrasser dans la rue. "Ce sont des conneries", assure un client du Pulse. "Des hommes font parfois bien plus que s'embrasser devant le bar...", et Omar Mateen s'emblait "à l'aise" au club.
Mais cela peut aussi signifier qu'il a repéré le terrain depuis longtemps. Ce ne serait pas une nouveauté. Salah Abdeslam, seul jihadiste survivant des attentats de Paris, avait été vu, quelques semaines plus tôt, dans des bars gays bruxellois. Les revendications de l'organisation Etat islamique, après l'attaque du Pulse, à Orlando, l'ont à nouveau confirmé : la communauté LGBT est bien une cible connue des jihadistes.
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