Choléra en Haïti : l'ONU reconnaît son implication et promet une aide "matérielle" aux victimes
Plusieurs enquêtes scientifiques avaient conclu que l'ONU a introduit l'épidémie via sa base de Casques bleus népalais mobilisés pour la mission Minustah.
Elle était poursuivie pour avoir introduit l'épidémie sur l'île. L'Organisation des nations unies a finalement reconnu son implication dans l'apparition de l'épidémie de choléra à Haïti, a révélé le New York Times (en anglais), mercredi. Vendredi 19 août, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé une aide financière à destination des familles de victimes.
Selon le quotidien américain, le porte-parole du secrétaire général a ainsi écrit, dans un email, qu'"au cours de l'année dernière, l'ONU s'est convaincue qu'elle a besoin de faire beaucoup plus vis-à-vis de sa propre implication dans l'apparition de l'épidémie et la souffrance des personnes touchées par le choléra".
Plus de 10 000 morts depuis 2010
L'épidémie de choléra sévit depuis octobre 2010 à Haïti et a déjà fait plus de 10 000 morts. Les premiers cas sont apparus sur les bords d'un affluent du fleuve Artibonite, à proximité de la base des Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah) à Mirebalais, dans le centre du pays. De nombreuses enquêtes scientifiques avaient conclu que l'épidémie avait été importée, mais l'ONU avait jusque là nié toute implication.
"Ceci est une grande victoire pour les milliers d'Haïtiens qui se sont mobilisés pour la justice, qui ont écrit à l'ONU et porté plainte contre l'organisation", a donc réagi Mario Joseph, à la tête du bureau d'avocats internationaux représentant les victimes et parents de victimes, après l'annonce des Nations unies.
Un plan bientôt annoncé pour éradiquer l'épidémie
Appelée à accompagner cette reconnaissance d'un plan, l'ONU a annoncé, vendredi, qu'elle allait accorder une "aide matérielle" directe aux victimes de l'épidémie de choléra en Haiti et à leurs familles. Vendredi, son secrétaire général Ban Ki-moon a estimé que les Nations unies ont "une responsabilité morale" en la matière.
C'est la première fois que l'ONU évoque une éventuelle aide financière directe aux victimes de l'épidémie, en plus des programmes de lutte contre le choléra ou d'assainissement que les Nations unies ont lancés avec le gouvernement haïtien. L'ONU veut aussi redoubler d'efforts pour circonscrire et éradiquer l'épidémie, améliorer les traitements et développer les infrastructures sanitaires et de santé en Haiti. Les mesures devraient être dévoilées dans les deux mois qui viennent.
Ban Ki-moon a toutefois réaffirmé que la position juridique de l'ONU n'avait pas changé. Les multiples demandes d'indemnisation introduites depuis 2011 par les familles de victimes à New York ont été rejetées par la justice américaine en raison de l'immunité conférée à toutes les missions onusiennes.
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