Cacao, qui a la fève est le roi
Le cacao à beau être originaire d'Amérique centrale, les plus gros producteurs mondiaux sont désormais africains. Mais la tendance pourrait s'infléchir avec l'arrivée d'un petit nouveau, l'Equateur et son CCN-51, un cacao hybride un temps décrié et boudé, qui commence à remporter les suffrages.
La consommation mondiale de cacao s'élève à plus de 3 millions de tonnes par an, soit plus de 95 kilos par seconde. Pour la première fois en 2013, la consommation a même dépassé les 4 millions de tonnes soit 32% de plus qu'il y a 10 ans. Une demande déjà en constante augmentation depuis plusieurs années, avec les seuls marchés européen et américain. Mais aggravée maintenant par l'arrivée des miliards de consommateurs potentiels Indiens, Indonésiens et Chinois.
Flambée des prix
Rien que pour ces derniers, la consommation devrait augmenter de 5% par an jusqu'en 2018, selon Euromonitor International. Bilan, 174.000 tonnes ont manqué pour satistaire la demande en 2013 selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO). Ce déficit de matière première à très logiquement fait grimper les prix, de 9% puis le début de l'année 2014 et de près de 40% en un an.
Plus globalement le prix du cacao a atteint son plus haut niveau depuis 2011. Des rumeurs alarmantes de pénurie durable ont vu le jour. D'autant, que même si les petits producteurs ouest africains décidaient de planter plus de cacaoyers aujourd'hui, l'arbre ne produit des fèves que 10 ans plus tard. l'inquiétude était de donc de mise jusqu'à ce que deux nouvelles viennent inverser la tendance et rasséréner les marchés et les gourmands.
Tout d'abord l'ICCO après une précédente estimation d'un déficit de 75.000 tonnes, envisage maintenant un surplus de 40.000 tonnes sur le marché mondial pour la saison 2013-2014 qui se termine à la fin du mois de septembre, ont expliqué les économistes de Commerzbank. En effet, l'ICCO a annoncé vendredi dernier qu'elle envisageait un surplus pour cette saison grâce à des récoltes record en Afrique de l'Ouest, principale région productrice.
L'arrivée du CCN-51
Deuxième source de réconfort, le CCN-51 (Collection Castro Narandal). C'est un cacao hybride équatorien, issu de la recherche agronomique, qui résiste aux épidémies pouvant frapper les variétés traditionnelles. Il fut longtemps décrié pour son acidité excessive qui le déclassait des grands cacaos. Mais retournement de situation, il a finalement réussi à conquérir les chocolatiers et devenir ainsi l'étoile montante des marchés de matières premières.
Parce que outre sa résisitance aux maladies, il offre un autre avantage considérable: sa productivité. Là où la Côte d'Ivoire et le Ghana, principaux producteurs mondiaux, produisent 400 kg par hectare et par an et aspirent à atteindre les 600 kg, le CCN-51 permet une production de 2.000 à 3.000 kg par hectare et par an.
L'Equateur, avec sa variété qui commence à être plantée au Pérou et en Colombie, a les ressources pour devenir le premier exportateur mondial de cacao, analyse Vincent Zeller, troisième exportateur de cacao de l'Equateur. Pour le cacao serait une sorte de retour aux origines.
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