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Bradley Manning condamné à 35 ans de prison pour avoir informé WikiLeaks

Le soldat américain est également renvoyé de l'armée pour "déshonneur". Il a été reconnu coupable d'avoir divulgué par milliers des documents secrets.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le soldat américain Bradley Manning, le 20 août 2013, à sa sortie du tribunal militaire de Fort Meade (Etats-Unis). (JOSE LUIS MAGAUA / REUTERS)

Coupable de la plus grande fuite de documents secrets de l'histoire des Etats-Unis. Le soldat américain Bradley Manning a été condamné à 35 ans de prison, mercredi 21 août, pour avoir transmis par milliers des documents secrets au site WikiLeaks.

L'avocat de Bradley Manning, David Coombs, a annoncé qu'il allait déposer un recours en grâce auprès du président Obama, ou demanderait "au moins qu'il commue la peine au temps déjà servi", soit trois ans et demi de détention préventive, depuis son arrestation en mai 2010.

Une lourde peine, mais moins sévère que le réquisitoire

Le 30 juillet, Bradley Manning avait été reconnu coupable de vingt chefs d'accusation, tels qu'espionnage, fraude et vol de documents diplomatiques et militaires confidentiels par la cour martiale du tribunal de Fort Meade (Etats-Unis). L'ancien soldat de 25 ans avait en revanche été acquitté pour le chef d'accusation le plus lourd, "intelligence avec l'ennemi".

Les charges qui pesaient contre lui lui faisaient encourir jusqu'à 90 ans de prison. Le procureur militaire Joe Morrow avait lui requis six décennies de prison, ainsi qu'une peine de 100 000 dollars (75 000 euros) d'amende. Il entendait ainsi "envoyer un message à tous les soldats qui envisageraient de voler des informations classifiées". Manning écope finalement d'un peu plus de la moitié de la peine requise. La juge Denise Lind a en outre décidé son renvoi de l'armée pour "déshonneur".

L'avocat de Bradley Manning, David Coombs, avait de son côté demandé au colonel Lind de punir son client, certes, mais d'une peine qui lui donne la "possibilité de vivre" et permette la réinsertion d'un accusé "jeune""humaniste", "très intelligent""naïf certainement, mais bien intentionné".

Possibilité de liberté conditionnelle

Puisqu’il n'a pas été jugé coupable d'"intelligence avec l’ennemi", Bradley Manning pourra bénéficier de la remise en liberté conditionnelle. Il sera potentiellement libérable après avoir purgé un tiers de sa peine. Pour le temps qu'il a déjà passé en détention provisoire, sa peine sera par ailleurs réduite de 1 293 jours, dont 112 jours obtenus en raison des traitements subis lors de son incarcération. 

Paul Lewis, journaliste du Washington Post présent à l'audience, calcule donc que la source de WikiLeaks pourra demander la liberté conditionnelle d'ici huit ans. Il sera alors âgé de 33 ans.  

Compte tenu de ces possibles remises de peine, le site WikiLeaks a estimé que cette condamnation était "une victoire stratégique significative".

Réactions dans la société civile

Selon Paul Lewis, des soutiens de Manning présents à la sortie du tribunal ont scandé : "Nous continuerons de nous battre pour toi Bradley", "tu es notre héros". Dans un communiqué (en anglais), l'organisation Amnesty International a demandé au président Obama de commuer sa peine afin de permettre sa libération immédiate. "C'est un jour triste pour Bradley Manning, mais aussi pour tous les Américains qui comptent sur de courageux lanceurs d’alerte et une presse libre pour éclairer le débat public", a de son côté regretté l'Union américaine pour les libertés civiles.

Son avocat David Coombs s'est insurgé que le soldat ait écopé d'une peine plus longue que des "agresseurs d'enfants".

Possibilité de faire appel

Tout n'est peut-être pas perdu. Manning pourra faire appel devant la Cour d'appel supérieure des forces armées et devant la Cour suprême des Etats-Unis. Il peut également demander la clémence de l'armée auprès de l'autorité supérieure de la justice militaire. Et quoiqu'il arrive, son jugement va être automatiquement réexaminé par la Cour pénale d'appel de l'armée de terre. 

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