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Bolivie, sur la route contre la route

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min

Un projet de route au centre de la Bolivie, à travers le Territoire indigène et parc naturel Isiboro Sécure (Tipnis) divise les peuples indiens de Bolivie depuis un an. Après plusieurs marches à travers le pays pour faire renoncer ou soutenir le gouvernement dans son projet, une consultation populaire a démarré fin juillet.

Certaines communautés indigènes refusent catégoriquement cette consultation et sont prêtes à utiliser la force pour que ce projet n’aboutisse pas.

Le résultat sera connu en décembre. Le gouvernent a promis que quel qu’il soit, il serait respecté… Affaire à suivre.

Retour en 16 photos sur ce conflit.

la veille de son investiture, le 22 janvier 2006.

Le président bolivien Evo Morales est élu en 2006 avec un soutien sans faille d’une grande partie de la communauté indienne. Il est le premier Amérindien à accéder à la présidence de la Bolivie.

Il n’hésite pas à revendiquer ses racines indigènes. Réélu en 2009, il est l’auteur d’une constitution «plurinationale» renforçant le droit des autochtones. ( AFP PHOTO/MARTIN BERNETTI)
Pourtant, une partie de la communauté indienne n’hésite pas à s’opposer à lui le jour où il décide en 2011 de construire une route de 306 km entre Villa Tunari et San Ignacio de Moxos, reliant les départements de Cochabamba (centre) et Beni (nord). 

Le chantier est ouvert en juin 2011. (REUTERS/David Mercado)
Cet axe permettrait de désenclaver cette région difficile entre montagne et forêt et offrir une ouverture vers le Brésil.

Financé à 80% par le Brésil, le budget s’élève à 415 m $. La société OAS est en charge de sa construction.

Mais sur 177 km, cette route traverse le Tipnis (de Cochabamba au Beni), zone d’une grande biodiversité où vivent 50 000 indiens d’ethnies moxeno, yurakaré et chimane. (REUTERS/David Mercado)
Ces populations indiennes s’inquiètent des dégâts que pourraient entraîner ce projet sur leur territoire : forêts détruites, rivières polluées…

Six cents d’entre eux, membres de la Confédération des peuples indigènes de Bolivie (Cidob), décident alors d’entamer une marche de Trinidad à La Paz pour réclamer au gouvernement l’abandon total du projet et qu’un autre tracé soit proposé. Evo Morales rétorque que la route sera construite, «qu' ils le veuillent ou non». ( AFP PHOTO / AIZAR RALDES)
ils entament leur marche en direction de La Paz, la capitale. Très vite, ce sont 1200 indiens qui se retrouvent sur la route.

Cet itinéraire est le même que celui parcouru par d’autres Indiens vingt-et-un ans plus tôt. Ceux-ci demandaient alors que le parc du Tipnis soit reconnu et protégé comme«territoire indigène». (REUTERS/David Mercado)
la progression des marcheurs est stoppée par d’autres Indiens pro-gouvernementaux qui voient dans ce projet routier un moyen de développement économique important. 

Le dossier ne laisse par indifférent les cocaleros, cultivateurs de coca, dont est issu Morales. Plus riches que les indigènes, ils aimeraient pouvoir exploiter certaines des terres de la zone. Le territoire pourrait aussi intéresser des compagnies pétrolières. (AFP PHOTO/AIZAR RALDES)
quand des violences éclatent entre marcheurs et policiers, le 25 septembre.

Ces derniers délogent du village de Yucumo, à coups de gaz lacrymogènes, les indigènes qui y campent.

Cette opération musclée de la police fait 74 blessés et choque l’opinion publique qui se mobilise en leur faveur.

La ministre de la Défense démissionne. 

Dans le reste du pays, des indigènes entament des grèves de la faim. (AFP PHOTO/ Cambio - Clayton Benavides)
solidaires des indiens participent à une manifestation à La Paz, le 28 septembre 2011.

L’action des Indiens prend un tour politique en septembre quand le principal syndicat, la Centrale ouvrière de Bolivie (COB), appelle à la grève en soutien aux marcheurs. 

Des opposants politiques à Morales, de droite comme de gauche, prennent fait et cause pour le mouvement. (AFP PHOTO/AIZAR RALDES)
Evo Morales se retrouve totalement en porte-à-faux avec ses discours en faveur de la communauté indienne. «Nous ne comprenons pas : c'est un gouvernement qui se dit indigène, qui s'en prend aux indigènes», déclare l’un des leaders de la marche.

Cette action contre des personnes modestes a cristallisé le malaise qui s’est installé à partir de 2010 avec la hausse du coût de la vie.

Le divorce avec les couches populaires est entamé. La cote de popularité du président chute à 37 %. (AFP PHOTO/Aizar Raldes)
demande, suite aux violences, la création d'une commission d'enquête internationale notamment auprès du Haut commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU. 

Il suspend le projet pendant une durée indéterminée et réclame qu’une consultation populaire soit organisée, ce que refusent en bloc les marcheurs. A leurs yeux, seul l’abandon total du projet est négociable. (AFP PHOTO /Jorge Bernal)
Alors que les marcheurs venus du nord approchent de la capitale, se met en place une contre-marche d’Indiens pro-Morales, venus du sud. 

Le gouvernement accuse les premiers d’être manipulés politiquement. (REUTERS/David Mercado)
sous les acclamations de la population, ce sont au final près de 2000 Indiens anti-route qui pénètrent dans La Paz, le 19 octobre 2011.

Une liste de revendications est adressée au gouvernement.

Les Indiens s’installent pour plusieurs jours dans des tentes sur la place d’Armes à La Paz où se trouvent le Palais du gouvernement et le Parlement. (REUTERS/David Mercado)
le 21 octobre, les Indiens attendent la déclaration du président.

«Il a été décidé que ni la route Villa Tunari-San Ignacio de Moxos ni aucune autre route ne traversera le Tipnis», annonce Evo Morales. Il réclame au Parlement un amendement attribuant au parc le caractère de «patrimoine immatériel». (AFP PHOTO/AIZAR RALDES)
Soutenus par les Indiens regroupés sous le collectif Conisur, il renouvelle en janvier 2012 sa proposition de consultation populaire auprès des 63 communautés du Tipnis. La demande de consultation populaire est validée par le gouvernement.

Comme ils l’avaient déjà dit, ceux réunis au sein du Cidob refusent catégoriquement d’y participer. (AFP PHOTO/Aizar Raldes)
en costume traditionnel participent à la marche. 

Une nouvelle marche de protestation des anti-route est entamée le 27 avril 2012. De nombreuses femmes et enfants y participent. 588 km plus tard, ils reviennent sur la place d’Armes à La Paz. (REUTERS/David Mercado)
Arrivés le 27 juin à la Paz et après deux semaines d'attente, les manifestants retournent sur leurs terres sans avoir obtenu gain de cause. 

Fin juillet, les consultations auprès des villageois de 69 communautés de Tipnis ont commencé. Résultat fin août. (REUTERS/David Mercado)
Carte (AFP)

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