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Bolivie: l'assassinat d'un ministre d'Evo Morales jette une ombre sur le régime

Un ministre assassiné. Ce n’est pas courant. L’affaire se passe en Bolivie. Le ministre, vice-ministre de l’Intérieur, Rodolfo Illanes, aurait été séquestré et tué par des mineurs qui manifestent depuis plusieurs jours. Mais les raisons du conflit ne sont pas évidentes dans ce pays qui se veut à la tête du combat anti-impérialiste.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les affrontements dans le secteur des mines ont provoqué la mort de deux manifestants et un ministre a été assassiné après avoir été enlevé alors qu'il négociait avec les mineurs. (AIZAR RALDES / AFP)

Le vice-ministre bolivien de l'Intérieur Rodolfo Illanes, séquestré par des mineurs qui bloquaient une route depuis plusieurs jours, a été assassiné par ses ravisseurs, a annoncé le 25 août au soir le ministre de l'Intérieur Carlos Romero: «Tous les indices montrent que notre vice-ministre Rodolfo Illanes a été lâchement et brutalement assassiné», a-t-il indiqué. Une affaire d’autant plus embarrassante pour le pouvoir bolivien d’Evo Morales que celui-ci a la réputation d’être progressiste. 

Mais le conflit est plus complexe qu’une traditionnelle lutte revendicative pour les salaires ou les conditions de travail. La Bolivie compte environ 100.000 mineurs «artisanaux». Ils peuvent travailler dans des coopératives autogérées. Ces derniers protesteraient contre une modification du droit du travail qui instaure, notamment, la création de syndicats au sein des coopératives de mineurs, ce que ces derniers refusent. En fait les coopératives «veulent être en mesure de s'associer avec des entreprises privées, ce qui est interdit», rappelle le Time. Le gouvernement fait valoir que si elles s'associaient avec des sociétés multinationales, elles perdraient leur statut de coopératives.

Le président bolivien Evo Morales a nationalisé le secteur du gaz naturel, qui fournit au pays la moitié de ses exportations, après son accession au pouvoir en 2006. Cette mesure avait à l'époque été saluée, les fonds issus de la nationalisation ayant été dévolus à des programmes sociaux et d'aide au développement. 

Evo Morales (à droite) lors d'une rencontre avec un autre chef d'Etat sud-américain, Rafael Correa (Equateur), en 2014 en Equateur. (JUAN CEVALLOS / AFP)

Un secteur minier problématique
Mais la structure du secteur minier (75% des exportations avec les hydrocarbures) reste toujours un problème pour l'Etat bolivien et son président au parcours et à la personnalité atypiques. Les affrontements sont récurrents dans les exploitations minières en Bolivie autour de la propriété de ces sites, que ce soit entre travailleurs privés et membres de coopératives, entre coopératives et ouvriers d'Etat, ou encore entre coopératives et indigènes ou riverains vivant près des sites d'exploitation.

Ces problèmes autour de l'industrie minière, secteur clef pour l'économie nationale, n'empêche pas Evo Morales de rester très populaire. En 2014, il avait été réélu triomphalement pour un troisième mandat avec 61% des voix dédicaçant sa victoire aux «anti-colonialistes et aux anti-impérialistes» et «à Fidel Castro et Hugo Chavez, qu’il repose en paix». Sa victoire était notamment due à un bon bilan économique.

En 2016, il avait cependant subit un échec en perdant le référendum qui lui aurait permis de faire un nouveau mandat à la tête du pays. 

Un échec qui s'inscrit dans le recul des pouvoirs «de gauche» en Amérique latine. Que ce soit en raison de changements politiques (élections en Argentine) ou des difficultés des gouvernants (Venezuela ou Brésil).

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