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Après les Panama papers, le très riche président argentin dévoile sa fortune
Le président argentin, dont le nom est apparu dans le scandale des Panama papers, a décidé de dévoiler de quoi est constituée sa fortune. L'homme d'affaires souhaite que la transparence règne sur les affaires des Argentins. Son gouvernement a par exemple lancé une opération de rapatriement des avoirs détenus à l'étranger.
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Mauricio Macri a rendu public son patrimoine le 26 mai 2016, pour la première fois depuis le début de son mandat le 10 décembre 2015. Sa fortune s'élève à 110 millions de pesos, soit 7 millions d'euros, selon le quotidien argentin La nación.
Le montant est élevé mais surprend peu les Argentins. Mauricio Macri est en effet un homme d'affaires, qui a travaillé pour Citibank ou son entreprise familiale, Grupo Macri, une des plus riches d'Argentine.
Plus surprenant: Mauricio Macri a déclaré également qu'il possédait un compte dans un paradis fiscal, les Bahamas, comme le détaille le site El cronista.
Pour la communication du chef de l'Etat, l'argent détenu à l'étranger a été déclaré aux autorités argentines et le compte des Bahamas n'a donc rien d'illégal.
Le Président avait avancé le même argument le 4 avril lorsque son nom est apparu dans la liste des clients du cabinet Mossack Fonseca dans le cadre des Panama papers. Il a toujours nié toute irrégularité et a rejeté la faute sur son père, lui aussi riche homme d'affaires. Il a reconnu l’existence d’une société familiale offshore aux Bahamas mais a expliqué avoir été «nommé ponctuellement» comme directeur par son père, et n’en avoir jamais été actionnaire.
Opération table rase
Cette transparence tombe à point nommé alors que le gouvernement vient de mettre en place une amnistie pour les détenteurs de comptes à l'étranger. Mauricio Macri n'est pas lui-même concerné par cette amnistie, puisqu'il a déjà déclaré ses comptes. Mais la publication du 26 mai a sûrement un but symbolique et permet de montrer le chemin à suivre.
Les Argentins ont jusqu'au mois de janvier pour déclarer à l'Etat leurs comptes à l'étranger, sans craindre des poursuites judiciaires. Les sommes rapatriées seront taxées à hauteur de 10%, d'après El País. Le but de cette opération: renflouer les comptes de l'Etat. Mauricio Macri envisage de payer des pensions de retraite, dont le versement a été retardé, avec cet argent de retour en Argentine.
L'actuel chef d'Etat veut se différencier de Cristina Kirchner, dont les mandats ont été entachés par des scandales de corruption, notamment de manipulation des taux de change. Durant sa campagne, Mauricio Macri a fait de la transparence un de ses principaux objectifs à atteindre une fois élu.
Les scandales de corruption ne sont pas rares dans la sphère politique argentine. La population s'y habitue même. Slate.fr remarque que seule une manifestation d'une centaine de personnes ont suivi les révélations des Panama papers, bien loin de la vague de contestation qui a poussé le Premier ministre islandais à démissionner.
Roberto Durrieu, avocat auteur de plusieurs ouvrages sur la corruption et le blanchiment d’argent, explique dans cet article de Slate: «Nous vivons dans un pays où les peines pour des délits de corruption sont très faibles et où les hommes politiques bénéficient d’une impunité qui participe à cette banalisation de la corruption et à cette idée devenue très courante: “Il pioche peut-être dans la caisse mais au moins il agit.”»
Le scandale des Panama Papers a éclaté seulement quatre mois après l'élection de Mauricio Macri. Les Argentins se réservent donc toute critique et attendent de voir les effets de sa politique économique libérale.
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