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Air cocaïne: la justice dominicaine accusée de partialité

Le départ des deux pilotes français de République dominicaine relance les spéculations sur la justice de ce pays des Caraïbes. Condamnés à vingt ans de prison pour trafic de drogue, ils ne cessaient de clamer leur innocence, et leur défenseur s’en prenait à une justice partiale. Peut-on pour autant parler de zone de non droit ? Rien n’est moins sûr.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les pilotes français Pascal Fauret et Bruno Odos se rendent au tribunal de Saint-Domingue, lors de leur procès le 17 juin 2014. (AFP)

Me Jean Reinhart n’y va pas par quatre chemins. Si ses clients sont en France ce n’est pas «pour fuir la justice mais pour chercher la justice». L’avocat avance donc la thèse de la justice dominicaine corrompue, tout comme la police qui, à ses yeux, ne vaut pas mieux.

S’il ne nous appartient pas de refaire l’enquête, on s’interroge tout de même sur l’opprobre jetée sur une institution, et au final sur un pays entier, qui ne serait guère qu’une république bananière. Enquête à charge, droits de la défense bafoués sont autant de critiques qu’on entend prononcer dans l’affaire des pilotes.
 
Méfiance des Français
Du reste, sur un site réservé aux expatriés français, Expat-blog, on peut mesurer la méfiance des résidents de la République dominicaine. Pierre Rep Dom écrit à propos de l’affaire Air cocaïne. «Il est de notoriété publique qu'ici la drogue est un sujet sensible et il faut rappeler les mesures de prudence qu'il est impératif de prendre.» Plus loin, il précise sa pensée : «Tout se passe bien dans ce pays tant que l'on a pas à faire à la justice et à la police.»
 
Une contributrice, Anaïs, résidente de Saint-Domingue précise : «En République dominicaine, il semble que l'on veuille faire des exemples afin de démontrer au monde la souveraineté d'un pays. J'ai appris a aimer la République dominicaine, mais j'ai de sérieux doutes sur ses capacités à exercer la justice.» 
 
Un précédent
Pourtant, la presse et l’internet ne débordent pas d’exemples laissant à penser que le système judiciaire dominicain est partial ou incompétent. Une précédente affaire avait concerné des ressortissants français en 2012. Un couple était arrêté avec 11 kilos de cocaïne dans ses bagages. Etrangement, la justice dominicaine déclarait la femme, Liana Guillon, seule coupable et la condamnait à huit ans de prison. Ici aussi l’accusée a protesté de son innocence, en vain. Son avocat dénonçait également l’absence d’enquête et de preuves.
Mais au final, Liana Guillon a demandé et obtenu son transfert en France pour y purger sa peine. Elle est sortie de prison en janvier 2015 en liberté conditionnelle.
 
Un Etat de droit
Les écoles de formation de magistrats de la République dominicaine tissent des liens étroits avec l’Ecole nationale de la magistrature. L’ENM a même participé à la création en 1999, de l’Ecole nationale de la judicature à Saint-Domingue.
En cas de condamnation, des accords de transfèrement existent entre la République dominicaine et divers pays. Avec la France, la Convention d’extradition date du 7 mars 2000.
 
Le site internet du gouvernement canadien consacré à la justice en République dominicaine n’évoque pas de procédures scandaleuses. Le site met en avant les deux principes fondamentaux : la protection et la garantie de libertés et de droits pour tous, sans discrimination fondée sur la race, le sexe ou l’âge. Deuxièmement, la préférence accordée à la médiation ou à la conclusion d’une entente entre les deux parties en cause avant d’engager un procès.
 
In fine, le site internet précise qu’en matière de stupéfiants, les sanctions sont sévères et les longues peines de prison sont courantes.

Confiance en la justice 
Dans l’affaire Air cocaïne, il reste deux français condamnés qui sont toujours sur l’ïle. Ils n’ont pas eu d’autres choix que d’attendre que la justice dominicaine passe.
Nicolas Pisapia, l’un des deux Français restés en République dominicaine, a répondu aux questions de nos confrères de La Provence. Présenté comme un homme d’affaires marseillais par le quotidien régional, il dit ne pas être jaloux de l’évasion réussie des deux pilotes.

«Mon combat est ici, devant la cour d’Appel, je n’ai pas de combat ailleurs. Il y a un dossier en République dominicaine qui a été jugé, peut-être mal jugé…Nous on se doit de se battre, les faits n’existent pas. On peut démontrer que c’est faux en cour d’Appel.»
 
Comme on voit, la perception de l’image de la justice est bien différente pour Nicolas Pisapia, pourtant condamné à 20 ans de prison en première instance. Volonté de se faire bien voir par les juges ?
A la question: «Vous avez l’espoir que la justice dominicaine soit loyale ?» Il répond :«Tout à fait,  j’ai confiance en la justice dominicaine en la cour d’Appel. Je sais comment fonctionne la justice depuis le temps que je suis ici à décrypter les rouages de cette justice là. Donc j’ai confiance en cette justice !...»
 
 

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