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L'aventure nigériane de fermiers blancs du Zimbabwe

Ils ont rêvé le Nigeria comme un nouveau départ. Une quinzaine de fermiers blancs zimbabwéens s'y sont sont installés après avoir été dépossédés de leurs terres il y a quinze ans. Ils ne sont plus que cinq aujourd’hui près de la ville de Shonga. Les autres ont jeté l’éponge face aux difficultés.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Les fermiers zimbabweens installés au Nigeria ont introduit des méthodes productivistes d'élevage et de culture. (AFP)

En 1999, la politique de redistribution des terres du président Robert Mugabe a expulsé des dizaines de fermiers blancs de leurs terres. A l’époque, cette politique a eu beaucoup d’échos, provoqué de nombreux commentaires et critiques quant au pouvoir de Mugabe. 4800 fermiers blancs se partageaient la plus grande partie des terres arables du Zimbabwe, soit cinq millions d’hectares (1100 hectares par ferme en moyenne). Le programme prévoyait de réinstaller 150.000 familles sur ces terres.
 
Mais les bailleurs de fonds, notamment le Royaume-Uni, qui doivent financer l’indemnisation des terres, ne suivent pas. Et le gouvernement de Mugabe n’entend pas se substituer aux anciens colonisateurs. Une partie des terres est saisie sans indemnité. Certains propriétaires s’expatrient. «Quelque 1 500 fermiers blancs sur 4 500 ont quitté le Zimbabwe pour l'Afrique du Sud, le Mozambique, la Zambie, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande» écrit Libération.
Une réforme dont le bilan est sujet à polémique, entre pro et anti-Mugabe.

Une quinzaine de ces fermiers va se retrouver au Nigeria. A l’époque, le gouvernement local de l’Etat du Kwara souhaitait développer son agriculture. Il entend profiter du savoir-faire de ces fermiers blancs soucieux de refaire leur vie. En 1999, cela ressemble à un conte de fées. «Les terres sont fertiles, 16.000 hectares sont cédés à 15 fermiers zimbabwéens pour un bail de 15 ans. «Sur ces terres, ils créeront des fermes laitières, cultiveront du maïs, du riz et du soja», annonce la presse.


Quinze années après, le bilan est très contrasté. Ils ne sont plus que cinq agriculteurs, les autres ont jeté l’éponge, confrontés aux réalités économiques. Au Nigeria, l’agriculture est dominée par le secteur informel, où la qualité n’est pas le maître-mot. La transmission du savoir agricole à la population locale, s’est aussi heurté à l’âpreté des banques, peu sensibles aux arguments des paysans.
 
Au pays du pétrole roi, les fermes de mille vaches, ici non plus, ne sont pas encore les bienvenues. Mais le président Muhammadu Buhari, las de la rente pétrolière veut faire décoller l'agriculture de son pays.

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