Démission de Robert Mugabe : son successeur "devra tenir compte de l'explosion de la rue contre les politiques"
Pour la spécialiste de l'Afrique australe à l'Institute for Security Studies, Liesl Louw-Vaudran, le pays peut espérer un régime "moins autoritaire et moins idéologique" que celui de Robert Mugabe.
Après 37 ans passés au pouvoir, Robert Mugabe a finalement annoncé sa démission de la présidence du Zimbabwe mardi 21 novembre. Il était sous pression de l'armée qui avait mené un coup de force la semaine dernière. C'est l'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa qui devrait être nommé président par intérim. "Il devra tenir compte de l'explosion de la rue et de la colère contre les politiques de ces dernières années", a estimé Liesl Louw-Vaudran, spécialiste de l'Afrique australe à l'Institute for Security Studies, invitée de franceinfo.
franceinfo : Robert Mugabe a démissionné. Mais peut-on parler d'un vrai changement de commandement ?
Liels Louw-Vaudran : Cette démission de Mugabe a été déclenchée par une lutte interne pour sa succession. Sa femme, Grace Mugabe, était très manipulatrice ces derniers temps. Elle avait l'intention de lui succéder et ça, pour l'armée, c'était le pas de trop et c'est pour ça qu'il y a eu cette intervention. Mais Emmerson Mnangagwa est un dur du parti, il a un lourd passé, il a participé à beaucoup de répression contre l'opposition.
Est-ce qu'on peut quand même imaginer un régime moins autoritaire ?
Oui, un régime moins autoritaire et moins idéologique, parce qu'il faut se souvenir que Mugabe se donnait cette image de grand sage de l'Afrique. Il était dans un déni total de la situation quotidienne des Zimbabwéens. On a vu la pression de la rue. Avant les Zimbabwéens avaient vraiment peur de manifester et de critiquer. Mnangagwa, qui est plus pragmatique, devra tenir compte de l'explosion de la rue et de la colère contre les politiques de ces dernières années.
Aujourd'hui, le Zimbabwe est l'un des pays les plus pauvres de la planète...
Oui, et ce n'était pas le cas du tout il y a quelques décennies. Et puis Mugabe a fait une réforme agraire qui était catastrophique et d'autres mesures qui ont font plonger l'économie. C'est devenu un pays où on est revenu au Moyen-Âge.
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