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Zambie : controverse autour du projet de mine de cuivre dans le parc du bas Zambèze

Depuis vingt ans, compagnies minières et gouvernement zambien tentent d'ouvrir un site d'extraction dans le parc national du bas Zambèze. Désormais, tous les recours juridiques sont épuisés et le minage du cuivre pourrait démarrer.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un salarié du "Sausage Tree Camp" à Chifungulu, en Zambie, cherche la présence d'animaux le long du fleuve Zambèze. (BORGESE MAURIZIO / HEMIS.FR)

En juin 2021, vingt ans après avoir accordé une licence d’exploitation et vingt années émaillées de procédures, le gouvernement zambien a donné son feu vert à la proposition de mine de cuivre à ciel ouvert, le projet Kangaluwi. Un site au cœur du parc national du bas Zambèze.

Mais ce projet, dénonce les opposants, est entouré d’ambiguïtés. L'étude d’impact déclare parfois une seule fosse et d'autres fois, trois fosses satellitaires et une principale. La durée d’exploitation de la mine varie aussi considérablement de 4 à 25 ans.

Pour le WWF, le parc fait figure de paradis sur terre, "une perle rare presque laissée à l’état brut". Le parc national du bas Zambèze est la réserve naturelle la plus récente de Zambie. Il a été fondé en 1983 et couvre plus de 4 000 km² le long de la rive Nord du fleuve Zambèze qui marque la frontière avec le Zimbabwe.

"Une perle rare"

Auparavant, c'était un parc à l’usage exclusif du président de la Zambie, ce qui explique qu’il a été protégé du tourisme de masse. On y trouve une exceptionnelle concentration d’animaux sauvages. Cette fois, c’est la division Afrique australe de l’ONG Oxfam qui a mis en garde le gouvernement zambien contre la poursuite du projet.

Le parc national du bas Zambèze est un site exceptionnel de conservatioin des grands animaux sauvages. Jusqu'en 1983, c'était un parc à l'usage exclusif du président de la Zambie. (ROGER DE LA HARPE / BIOSPHOTO)

"Le parc national du bas Zambèze abrite un écosystème sensible qui soutient une grande quantité de biodiversité nécessaire à la durabilité environnementale en Zambie et dans certains pays voisins. Cette région fournit également une ressource en eau essentielle à plus de 250 millions de personnes dans la région qui dépendent du fleuve Zambèze et de l'écosystème environnant pour l'eau, la pêche, la faune, l'agriculture, le tourisme, la foresterie et d'autres activités de subsistance. Une perturbation de cet écosystème pourrait s'avérer désastreuse, en particulier à un moment où le monde est aux prises avec une crise du changement climatique", explique Yvonne Chibiya représentante nationale d’Oxfam.

L'économie d'abord

Du côté des défenseurs du projet, on minimise l'impact sur l'environnement que pourrait avoir la mine. L'ancien vice-président de Zambie, Enock Kavindele, demande de "ne pas trop dramatiser" l'exploitation minière qui va permettre au gouvernement de créer 1 500 emplois directs. "L'exploitation minière là-bas ne causera aucun dommage au fleuve Zambèze. La mine de cuivre à ciel ouvert de Kangaluwi, dans le parc national du Zambèze, est à environ 40 kilomètres de l'endroit où se trouvent les animaux et se situe sur un plateau", a-t-il déclaré.

Un autre soutien est venu du chef traditionnel Mphuka, du peuple Chikunda, concerné par la mine. Il a mis en avant les avantages économiques conséquents de l’exploitation qui accélèreront le développement de la région de Luangwa qui a pris beaucoup de retard. Quant aux opposants, selon le chef Mphuka, "ils doivent accepter les décisions de justice ou être poursuivis pour outrage".

L'exploitation du cuivre est au cœur de l’économie de la Zambie qui est le second producteur d’Afrique avec près de 900 000 tonnes. 80% des exportations du pays viennent du secteur minier en général. Autant dire que le secteur du cuivre est essentiel, d’autant que la demande ne cesse de s’accroître. Le cuivre est en effet un composant essentiel de la chaîne électrique.

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