Cet article date de plus de douze ans.

Tunisie: un article sur la liberté de la presse censuré

Le 12 juillet, nous avions mis en ligne un article sur les menaces pesant sur les libertés de la presse en Tunisie. La preuve: les Tunisiens ne peuvent avoir accès à cet article en ligne.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants, proches du parti islamiste Ennahda, devant les bâtiments de la télévision le 9-3-2012 à Tunis (AFP PHOTO / FETHI BELAID )

Un ami tunisien nous signale qu'il a dû ruser pour trouver le papier. «La preuve qu’ils ont réactivé les mots clés de la censure parmi lesquels il y a liberté de la presse», explique-t-il. Les méthodes de l'époque de Ben Ali sont donc de retour... Avant la chute de la dictature, le régime avait mis en place un dispositif parmi les plus stricts au monde. Tous les sites et pages critiques, parmi elles de nombreuses pages de Facebook, se retrouvaient ainsi proscrites. Apparemment, la censure n'a donc pas disparu.

Dans notre article, nous rappelions que «l'Instance indépendante chargée de réformer l'information et la communication (INRIC) s'était sabordée le 4 juillet 2012» en mettant en garde «contre la gravité de la situation dans le domaine de l'information». Elle reprochait au gouvernement son manque d'empressement pour réformer le secteur des médias et garantir la liberté d'expression et de la presse dans le pays. Une situation dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, notamment Reporters sans frontières. Pour RSF, la liberté de la presse ne va «pas dans le bon sens en ce moment».

De son côté, l'Union européenne avait conditionné en mai le versement de 100 millions d'euros de fonds à la Tunisie à la mise en oeuvre de nouveaux textes sur les médias.

"Sans la liberté de blâmer..."
Dimanche, la principale formation de la coalition au pouvoir, Ennahda (islamiste), a adopté lors de son congrès une motion sur son engagement «centriste» et «modéré». Pourtant, comme le signale Le Figaro, «les intellectuels, les journalistes et les artistes subissent (...) les foudres d'un parti volontiers populiste». Dans notre article, nous rapportions le témoignage d'un journaliste qui expliquait qu'à la télévision, «on se croirait revenu à l’époque de Ben Ali. Tout est à nouveau monocorde. On ne voit plus maintenant à l’antenne que des porte-parole d’Ennahda ou des proches de ce parti. Il n’y a même plus de présentatrices femmes !»

Le conseiller chargé des Affaires politiques auprès du Premier ministre, Lotfi Zitoun, nie une quelconque censure en accusant les médias publics «d'attaquer le gouvernement élu». Pourtant, comme le disait Beaumarchais il y a plus de deux siècles: «Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur»...

Complément
Un tweet venu de Tunisie nous a signalé que «l'article est accessible» dans le pays. Contactée, notre source maintient que l'article a bel et bien été censuré. «««Il contient tous les mots clef qui déplaisent: 'liberté de la presse', 'censure'», explique notre informateur.

 

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