Quatre personnes condamnées à mort en Tunisie pour l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en 2013

L'assassinat du militant de gauche avait conduit à une profonde crise politique. Plusieurs autres accusés ont été condamnés à des peines de prison allant de deux ans à la perpétuité.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'opposant politique Chokri Belaid à Tunis, le 20 novembre 2012. (KHALIL / AFP)

L'affaire avait choqué la Tunisie et provoqué une grave crise politique. Quatre personnes ont été condamnées à mort dans le procès pour l'assassinat de l'opposant de gauche tunisien Chokri Belaïd en 2013, mercredi 27 mars.

Quelque 23 personnes avaient été inculpées pour l'assassinat de l'avocat de 48 ans, qui avait été tué par balles dans sa voiture, devant son domicile, le 6 février 2013. Les autorités tunisiennes avaient annoncé en février 2014 la mort de Kamel Gadhgadhi, considéré comme le principal auteur de l'assassinat de Chokri Belaïd, pendant une opération antiterroriste.

Des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) avaient revendiqué le meurtre ainsi que celui, six mois plus tard, du député Mohamed Brahmi, autre figure de la gauche. Les deux opposants critiquaient la politique d'Ennahdha, parti islamo-conservateur qui a dominé le Parlement et le gouvernement après la révolution tunisienne de 2011, jusqu'à un coup de force en 2021 de l'actuel président Kaïs Saïed par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs.

Ennahdha accusé d'indulgence

Si la justice tunisienne continue à prononcer des condamnations à la peine capitale, un moratoire est appliqué de facto depuis 1991. Le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité, prononcé des peines allant de 2 à 120 ans d'emprisonnement, et acquitté cinq personnes, même si elles restent poursuivies dans d'autres affaires.

Kaïs Saïed avait fait de l'assassinat des deux "martyrs" une cause nationale, et avait ordonné en juin 2022 la révocation de dizaines de magistrats, dont certains sont soupçonnés, selon lui, d'avoir entravé l'enquête. En février 2023, le ministère de la Justice avait annoncé la mise en place d'une commission chargée d'une étude "approfondie" sur les enquêtes et poursuites policières et judiciaires sur ces assassinats.

Les proches de Chokri Belaïd ont accusé Ennahdha de s'être au moins montré "indulgent" envers le discours des islamistes extrémistes qui s'était développé à l'époque. Ennahdha a répondu à ces critiques en disant avoir classé le mouvement salafiste jihadiste Ansar al-Charia comme organisation terroriste après les assassinats des deux opposants.

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