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Tunisie : le président Kaïs Saïed prolonge le gel du Parlement et annonce de nouvelles élections dans un an

Le président tunisien Kaïs Saïed a prolongé la suspension du Parlement, qu'il a décidée en juillet, jusqu'à la tenue de nouvelles élections législatives le 17 décembre 2022.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président tunisien Kais Saied, à Tunis, le 13 décembre 2021.  (TUNISIAN PRESIDENCY / ANADOLU AGENCY / AFP)

"Le Parlement restera suspendu jusqu'à l'organisation de nouvelles élections", a déclaré le président tunisien, lundi 13 décembre. Kaïs Saïed, qui avait décidé la suspension du Parlement en juillet, en s'arrogeant les pleins pouvoirs, a par ailleurs annoncé dans un discours à la nation, l'organisation à partir du 1er janvier d'une série de "consultations" populaires portant notamment sur des amendements constitutionnels et électoraux. "De nouvelles élections législatives auront lieu le 17 décembre 2022 sur la base d'une nouvelle loi électorale", a-t-il ajouté.

Or, cette nouvelle loi, ainsi que des amendements constitutionnels, seront élaborés dans le cadre de consultations populaires qui auront lieu "à partir du 1er janvier jusqu'au 20 mars". "Les réformes constitutionnelles et autres seront soumises à référendum le 25 juillet 2022, jour anniversaire de la proclamation de la République", a-t-il ajouté.

Elu au suffrage universel fin 2019, le président tunisien avait invoqué le 25 juillet un "péril imminent" pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire, répétant à l'envi que la Constitution actuelle, qui a instauré en 2014 un système hybride plutôt parlementaire, est dysfonctionnelle. Ainsi, avant de nommer, en octobre, une universitaire sans expérience politique, Najla Bouden, à la tête d'un nouveau gouvernement jouissant de prérogatives considérablement réduites, Kaïs Saïed avait promulgué, le 22 septembre, un décret qui officialise la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution. 

"Il n'y aura jamais de retour en arrière" 

En suspendant le Parlement, Kaïs Saïed avait écarté du pouvoir le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force parlementaire et pilier des coalitions gouvernementales successives depuis la chute du régime de Zine El Abidine ben Ali, renversé en 2011.

Après le coup de force du président en juillet, des organisations tunisiennes et internationales ont critiqué un "accaparement du pouvoir" et dit craindre pour les droits et libertés publiques. Ses détracteurs l'ont accusé d'avoir mené un "coup d'Etat". "De quel coup d'Etat parlent-ils ? Ils parlent aussi du pouvoir d'un seul homme et d'atteinte aux libertés, mais qui a été arrêté ou poursuivi pour avoir exprimé ses opinions ou pour avoir manifesté", s'est-il défendu dans son discours.

"Il n'y aura jamais de retour en arrière", a-t-il martelé, alors que quelques jours avant ce discours, les ambassadeurs des pays membres du G7 et de l'Union européenne (UE) en Tunisie ont appelé à un retour "rapide" aux institutions démocratiques dans le pays.

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