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Tunisie : le correspondant de "Libération" brutalisé par des policiers lors d'une manifestation

Des rassemblements interdits contre le président ont été dispersés sans ménagement par les forces de sécurité, vendredi, à Tunis. Les journalistes ont été notamment ciblés et frappés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un rassemblement contre le président Kais Saied, vendredi 14 janvier 2022 à Tunis (Tunisie). (CHEDLY BEN IBRAHIM / NURPHOTO VIA AFP)

Le correspondant du quotidien Libération en Tunisie a été brutalisé par les forces de l'ordre, vendredi 14 janvier à Tunis, et empêché de couvrir une manifestation contre le président Kais Saied. "Alors qu'il couvrait une manifestation (...), notre correspondant Mathieu Galtier a été violemment frappé par plusieurs policiers. La direction du journal condamne fermement cette agression", a réagi le quotidien français sur son site. Les rassemblements contre le président marquaient également le 11e anniversaire de la chute de Zine El-Abidine Ben Ali. Ils ont été interdits par le pouvoir et brutalement dispersés par les forces de sécurité, donnant lieu à des scènes de violence rarement vues dans la capitale.

Dans un communiqué publié samedi, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé "fortement la violence barbare" de la police contre des journalistes qui étaient sur terrain le 14 janvier. Selon le SNJT, plus de 20 agressions policières ont été enregistrées contre des journalistes, "ciblés alors qu'ils portaient leurs gilets distinctifs et affirmaient leur caractère journalistique lors de l'agression". Ces agressions, également contre des manifestants, "instaurent l'Etat de la répression policière au lieu de l'Etat de la sécurité républicaine", a ajouté la même source.

"Un niveau de violence jamais atteint"

"Mathieu Galtier filmait l'arrestation musclée d'un manifestant avec son téléphone portable quand il a été pris à partie par un policier en uniforme", rapporte Libération. Le correspondant, cité par le journal, explique s'être immédiatement identifié comme journaliste en français et en arabe, alors que le policier tentait de lui prendre son téléphone. Le journaliste explique alors avoir été "soulevé et traîné entre deux fourgonnettes". "Ils ont commencé à me frapper dans tous les sens, j'étais par terre, recroquevillé en position fœtale, je criais que j'étais journaliste".

"L'un d'eux m'a aspergé de gaz à bout portant. Ils m'ont donné des coups de pied. Finalement, ils ont pris mon téléphone, ma carte de presse et ils m'ont laissé là."

Mathieu Galtier, correspondant de "Libération" en Tunisie

dans "Libération"

Une fois soigné par les pompiers, le correspondant indique que ses affaires lui ont été restituées, à l'exception de la carte mémoire de son téléphone sur laquelle étaient enregistrées ses photos et ses vidéos. Le journaliste, installé depuis six ans en Tunisie, s'est vu prescrire "quinze jours de repos". Un médecin a notamment constaté "'une écorchure de 10 centimètres de diamètre' au front".

L'Association des correspondants étrangers en Afrique du Nord (NAFCC) condamne aussi dans un communiqué "les violences exercées par les forces de sécurité sur les journalistes qui couvraient les mobilisations" à Tunis où a été atteint "un niveau de violence jamais connu depuis la création de NAFCC en 2014". "Un photographe a été notamment matraqué et une vidéojournaliste bousculée et empêchée de filmer", ajoute l'association. Elle demande l'ouverture d'une enquête "sans délai".

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