"Je suis venue défendre le droit à avoir un héritage comme mon frère" : les Tunisiennes dans la rue pour l'égalité
Une nouvelle loi pourrait permettre l'égalité entre les hommes et les femmes en matière d'héritage en Tunisie. Ces dernières, selon les règles du Coran, ne reçoivent aujourd'hui que la moitié de la part d'un homme. Lundi, à Tunis, elles étaient plusieurs milliers à manifester pour réclamer l'égalité.
Ce serait une grande première dans le monde arabe : en Tunisie, le président Essebsi a déposé un projet de loi pour instaurer l'égalité entre les hommes et les femmes en matière d'héritage, bouleversant les traditions ancrées dans les pays arabo-musulmans, où un homme hérite le double d'une femme au même degré de parenté.
Des milliers de femmes sont venues manifester lundi 13 août à Tunis, la capitale du pays, pour réclamer l'égalité. Parmi elles Hamiba, la cinquantaine, enveloppée dans un drapeau tunisien, tenait à être là : "Je suis venue ce matin de Djerba pour défendre une cause à laquelle je crois éperdument : le droit à avoir un héritage, tout comme mon frère...", explique-t-elle.
Défendre le modèle tunisien contre l'obscurantisme
Le Code du statut personnel, promulgué il y a exactement 62 ans par Habib Bourguiba, président de la République entre 1957 et 1987, confère aux Tunisiennes les droits les plus larges dans le monde arabe. Fatma, elle, est venue défendre le modèle tunisien. "Nous sommes venues manifester pour défendre la Tunisie contre tout projet obscurantiste et théocratique", indique cette universitaire tunisoise.
Avec la fougue de sa jeunesse, Sumaya est venue battre le pavé au nom de l'histoire familiale et en mémoire de ce jour de 1956, lorsque Bourguiba a aboli le voile porté alors par les femmes : "Ma grand-mère était en prison avec Bourguiba. La femme tunisienne a enlevé le voile le 13 août : maintenant, on fait la fête pour ça !" Le texte pour l'égalité dans l'héritage sera présenté au parlement tunisien dès la fin des vacances parlementaires.
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