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Facebook et Youtube: «85% de l’usage d’internet en Tunisie», selon Karim Koundi

Les Tunisiens sont très connectés. Selon une étude du cabinet de consulting Deloitte, 55% d’entre eux utiliseraient internet, surtout pour les réseaux sociaux comme Facebook. Les explications de Karim Koundi, responsable au cabinet de consulting Deloitte du secteur des nouvelles technologies pour l’Afrique francophone.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Karim Koundi, du cabinet de consulting Deloitte. (FTV)

Qu’apprend-on dans votre étude?
Celle-ci a été réalisée en 2014 à partir des chiffres 2012 et 2013 de l’Institut national de la statistique tunisien pour le compte du ministère des Technologies de l’information et de la communication.
 
Elle révèle d’abord l’importance des réseaux sociaux depuis leur apparition en 2008. En l’occurrence surtout Facebook et Youtube : en Tunisie, ils concernent 85% de l’usage d’internet, alors que Twitter est très peu utilisé. Ces deux réseaux sociaux sont aujourd’hui le principal vecteur d’échanges et d’informations dans le pays.
 
A tel point qu’ils ont eu un rôle très important pendant la révolution du 14 janvier 2011. Facebook et Youtube ont permis de transformer un évènement d’une portée régionale en un évènement majeur. Le suicide de Mohamed Bouazizi a ainsi pu trouver un écho international. S’il n’y avait pas eu les réseaux sociaux, l’affaire aurait sans doute été étouffée car les médias étaient alors tous contrôlés par le pouvoir.
 
Internet était, lui, incontrôlable. Techniquement, cela aurait été possible de le contrer: on aurait pu couper 90% des échanges. En 2008-2009, il y avait déjà eu des tentatives en ce sens mais les autorités avaient été obligées de reculer en raison de la pression de la population. En 2010-2011, elles craignaient les manifestations.
 
Le fort impact des réseaux nationaux a-t-il eu d’autres conséquences?
Après la révolution, on a constaté une explosion des sites d’information : on est ainsi passé de trois ou quatre sites à une centaine aujourd’hui. Parallèlement, il y avait trois chaînes de télévision avant 2011. Il en existe maintenant une vingtaine.
 
Pour autant, aujourd’hui, tous les Tunisiens utilisent-ils internet?
Notre étude révèle que c’est le cas pour 55% des Tunisiens. Mais en fait, c’est seulement le cas d’un foyer sur cinq en raison des disparités entre régions. En clair, en zone littorale, chaque membre d’un foyer est connecté. Tandis que dans les régions défavorisées de l’intérieur, les familles vont plutôt dans les cyber-cafés. On constate donc un fort usage d’internet avec une demande déséquilibrée : on a là une illustration de la fracture numérique du pays.
 
Les autorités tentent-elles de combattre ce problème?
Notre étude avait pour but de les aider à concevoir une stratégie digitale sur la période 2014-2018. Une stratégie pour développer l’usage de l’internet dans les administrations, les entreprises et chez les particuliers. Mais aussi pour développer le haut débit.
 
Un des enjeux de cette stratégie est de favoriser un accès autonome à internet sur tout le territoire. Avec un objectif : passer de un foyer connecté sur cinq à trois. A cette fin, la Banque mondiale a réalisé une première étude pour le développement du haut débit. Une carte numérique de la Tunisie a été dressée pour identifier les besoins et les techniques appropriées pour chaque région dans une démarche de partenariats public-privé.
 
Il s’agit aussi de dégager des usages d’internet de forte valeur ajoutée. Par exemple en Tunisie, on trouve de nombreuses compétences en matière de développement de jeux en ligne. Mais le marché est bloqué par la difficulté d’acheter sur des sites étrangers où il faut payer avec une devise convertible. Nous proposons donc la mise en place d’une carte d’abonnement facilitant ces paiements.

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