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Attentat de Tunis: le chef de l'Etat évoque un «environnement politique malsain»
L’attentat, qui a fait 20 blessés, dont 15 membres des forces de sécurité, le 29 octobre 2018 dans le centre de Tunis, n’avait toujours pas été revendiqué le 30 octobre au matin. «L'hypothèse "daechiste" n'est pas écartée», selon le journal «La Presse de Tunisie». La première réaction du président Béji Caïd Essebsi à l’attaque a créé un début de polémique.
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L’attentat est le premier commis par une femme en Tunisie. Son auteur est une chômeuse âgée de 29 ans, Mouna Kabia, diplômée en anglais des affaires et originaire de la région de Mahdia (sud-est de Tunis), croit savoir le site webdo. Selon des médias tunisiens, elle n'avait jamais trouvé d'emploi dans ce secteur, mais travaillait parfois comme bergère pour aider sa famille. Ces derniers jours, elle aurait été vue à Tunis en train de mendier dans les rues.
Auparavant, la jeune femme «n'avait jamais eu de comportement ou attitude suspect, tout le monde peut en témoigner», a affirmé l'un de ses proches, interviewé par la chaîne Al-Ghad (cité par webdo).
Elle a déclenché sa charge «à proximité de voitures de police», selon le ministère de l’Intérieur.«Elle aurait été recrutée par des éléments terroristes via internet», précise cette source. Elle n’était pas considérée comme «extrémiste» par les forces de sécurité. Pour le ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati, il s’agit d’un acte isolé.
«C'est une tragédie», a déclaré, lors de sa première réaction, le président tunisien Béji Caïd Essebsi depuis Berlin où il effectuait une visite officielle. «Nous avons cru que nous avions éradiqué le terrorisme mais je crains fort que ce soit lui qui va (sic) nous exterminer», a-t-il dit, selon des propos cités par la presse tunisienne.
«Décontextualisé»
Ces propos ont déclenché une polémique. Un député a expliqué qu’un tel discours n’était pas de nature «à rassurer le peuple». A tel point que la porte-parole de la présidence, Saïda Garrache, a tenté de calmer le jeu en expliquant que la phrase du chef de l’Etat était «claire et cohérente» mais avait été «décontextualisée».
Dans le même temps, le chef de l’Etat a expliqué que «cet évènement nous rappelle que nous avons d’autres problèmes en Tunisie», évoquant «l’environnement politique malsain» dans le pays. L'attentat intervient alors que la scène politique tunisienne est déstabilisée par des luttes de pouvoir notamment au sein du parti présidentiel Nidaa Tounès à l'approche d'élections présidentielle et législatives. Une lutte opposant les partisans de Béji Caïd Essebsi au Premier ministre Youssef Chahed.
Pour le quotidien français Le Monde, «le ton dramatique utilisé par le chef de l’Etat vise, selon certains analystes tunisiens, à embarrasser le chef du gouvernement».
De son côté, dans un communiqué adressé à Géopolis, le président du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, «condamne cet attentat terroriste particulièrement lâche». Il «appelle les citoyens tunisiens à défendre et à renforcer l’unité nationale».
L’attentat «survient dans un contexte où les services sécuritaires et militaires ont augmenté la pression sur les quelques groupes terroristes qui se terrent encore dans les montagnes à l’ouest du pays», observe le journal francophone La Presse de Tunisie. On constate «la permanence de microfoyers djihadistes à la frontière algérienne que les autorités ne parviennent pas à réduire», précise de son côté Le Monde.
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