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En Afrique du Nord, 9 enfants sur 10 subissent des châtiments corporels, selon Human Rights Watch

L’organisation de défense des droits humains appelle les pays de la région à interdire la "discipline" violente. 

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une illustration de la violence subie par des élèves. (DADU SHIN / HUMAN RIGHTS WATCH)

L’organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé les gouvernements des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena) à interdire les châtiments corporels sur les enfants. La pratique est courante dans cette région qui manque cruellement de lois protégeant les plus jeunes.

Des enfants victimes de violence

Un garçon blessé à l'œil après une "punition" infligée par son professeur, une fille frappée par son enseignant avec un bâton, un élève attaché avec une corde… Ces exemples cités dans l’étude de Human Rights Watch (lien en anglais) reflètent une triste réalité dont on parle peu : la "correction" violente des enfants.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les violences physiques sont répandues à l’école comme à la maison. Selon HRW, dans certains pays de la région, 9 enfants sur 10 sont soumis à des châtiments corporels, considérés à tort comme une pratique éducative. En Egypte, par exemple, une enquête nationale officielle a révélé que près de deux élèves sur trois avaient été battus à l'école avec des bâtons, des ceintures, des cannes ou des fouets.

"Dans de nombreux pays de la région, l'agression est un crime lorsque la victime est un adulte, mais elle est excusée comme s'il s'agissait d'un acte 'éducatif' lorsque ça concerne un enfant".

Ahmed Benchemsi, directeur de la communication à HRW

à l'AFP

Une pratique dégradante et inefficace 

Pour le Comité des droits de l'Homme des Nations unies, tout usage de la force physique visant à infliger une certaine douleur ou un désagrément – aussi léger soit-il  est considéré comme un châtiment. Donner une gifle, une fessée ou tirer les oreilles sont clairement définis comme des pratiques humiliantes et vont à l’encontre de la Convention internationale des droits de l’enfant.

Human Rights Watch rappelle ainsi que la punition physique est interdite par le droit international et demande aux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord d’adopter des lois interdisant le châtiment corporel et de les appliquer avec rigueur. Sur les 19 pays évalués dans la région, la grande majorité autorise explicitement la discipline violente des enfants à la maison. Quant aux règlements interdisant la discipline violente à l’école, ils n’ont pas force de loi et ne sont pas toujours respectés.

Législation et sensibilisation

Dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord, seuls la Tunisie et Israël ont interdit les châtiments corporels. Certains pays comme le Maroc ne sanctionnent pas dans leurs textes de loi la violence dite "disciplinaire". Sur le plan international, une soixantaine de pays dans le monde ont déjà banni la punition violente. Les pays ont commencé à interdire les "corrections" physiques dans les années 1970 car les recherches ont montré que ces punitions n'amélioraient en rien le comportement des enfants. Pire, ces agissements violents sont souvent liés à une augmentation des pensées suicidaires, de l'agressivité et des abandons scolaires.

Si l’adoption d’une loi est importante, elle ne suffit pas à protéger les enfants. L’organisation HRW appelle pour cela à des campagnes de sensibilisation sur ces pratiques et souligne la nécessité de former parents et enseignants à des méthodes de discipline non violentes.

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