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Tunisie. Violée par la police, elle est accusée d'atteinte à la pudeur

Une jeune femme et son ami avaient été arrêtés dans une "position immorale". Deux policiers avaient alors violé la victime pendant qu'un troisième retenait le fiancé menotté.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Un officier de la police anti-émeute à Hammamet (Tunisie), en mars 2012. (FETHI BELAID / AFP)

AFRIQUE - La décision a déclenché la colère de nombreux Tunisiens. Une jeune femme, violée par des policier à Tunis, a été convoquée devant un juge pour atteinte à la pudeur, mercredi 26 septembre. Elle doit être confrontée à deux policiers, incarcérés pour viol, qui l'accusent d'"atteinte à la pudeur" et de "voies de fait".

Selon le ministère de l'Intérieur, le jeune femme et son ami avaient été appréhendés par trois agents de la police, le 3 septembre, dans une "position immorale". Deux d'entre eux avaient alors violé la victime pendant que le troisième retenait le fiancé menotté. Les islamistes au pouvoir en Tunisie sont régulièrement accusés de faire peu de cas de la condition féminine. Plusieurs ONG, dont l'Association tunisienne des femmes démocrates et la Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme, ont dénoncé avec virulence la convocation de cette femme par un juge d'instruction.

Le ministère de l'Intérieur refuse d'intervenir

Les ONG regrettent que cette procédure "transforme la victime en accusée" et "vise à la terroriser et à l'obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits". "Le viol comme moyen de répression est encore une pratique en Tunisie", a pour sa part dénoncé la coalition d'opposition de gauche "Le Pôle", appelant à l'adoption d'une loi organique protégeant les "Tunisiennes et les Tunisiens contre toutes les formes de violence physique, morale ou sexuelle".

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère de l'Intérieur tunisien a indiqué que son ministère "n'avait rien à voir" avec les poursuites engagées contre la jeune femme, soulignant que la décision relevait du juge d'instruction. "Dans cette affaire, nous nous sommes comportés comme il fallait. Ce qui devait être fait a été fait, les trois agents ont été arrêtés tout de suite".

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