Tunisie : Michèle Alliot-Marie en ligne de mire
Le 11 janvier, devant l'Assemblée nationale, Michèle Alliot-Marie avait proposé le “savoir faire” français à la Tunisie pour le maintien de l'ordre et la gestion de manifestations.
_ La ministre a expliqué avoir voulu contribuer à mettre fin à la répression.
“Il y avait des tirs à balles réelles, des morts. Pour que de telles situations ne se reproduisent pas dans l'avenir, j'ai donc dit que nous étions prêts à aider à former les forces de l'ordre tunisiennes, comme nous le faisons pour d'autres pays”, a-t-elle expliqué.
Des déclarations qui depuis, créent la polémique.
L'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal a qualifié son propos de “scandaleux”, “venant en soutien d'une dictature.” Une “grave faute”, a abondé l'ancien Premier ministre Laurent Fabius.
Le député Pierre Moscovici a dit avoir eu “honte de notre diplomatie”.
La secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot a estimé que Michèle Alliot-Marie “devrait s'excuser auprès des Tunisiens”.
_ Même dans la majorité, le centriste Hervé Morin a pris ses distances avec les déclarations de la chef de la diplomatie.
Une faute politique
Le député communiste, Jean-Jacques Candelier réclame la démission de la ministre des Affaires Etrangères. Il estime que ses déclarations d'offrir une coopération sécuritaire au régime Ben Ali étaient “une honte”.
L'ex-ministre Christine Boutin a estimé que la ministre des Affaires étrangères avait commis une faute politique en proposant une coopération sécuritaire au régime Ben Ali, après le déclenchement des émeutes en Tunisie.
Certains experts et hommes politiques relativisent la faute de la
diplomatie française. Du socialiste François Mitterrand à Nicolas Sarkozy, la France a toujours soutenu Ben Ali, considéré comme “un rempart” contre l'islamisme.
Philippe Moreau-Defarges, de l'Institut français des relations
internationales (IFRI), juge “excessives” les critiques, même si la proposition de Mme Alliot-Marie pouvait sembler “maladroite”. “Lorsqu'un gouvernement malgré tout ami est plus ou moins en difficulté, on ne tire pas sur une ambulance”, a-t-il dit.
_ “Qu'il y ait pu y avoir des maladresses ou des incompréhensions, après tout cela est possible" mais "imaginez que la France intervienne dans les affaires d'un pays qui est un ancien protectorat français, qu'aurait-on dit?”, a justifié Henri Guaino, conseiller spécial du chef de l'Etat.
Pour lui, Michèle Alliot-Marie a parlé “sans mauvaise intention du tout, à partir d'une analyse qui était la sienne”.
Mikaël Roparz, avec agences
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