Tunisie : grève des enseignants, brefs affrontements à Tunis
Actualisé à 17h30
Les pierres des manifestants anti-gouvernementaux contre les gaz lacrymogènes des policiers : des incidents ont éclaté ce matin devant les bureaux du Premier ministre à Tunis, quand des policiers anti-émeutes ont tenté d’exfiltrer des fonctionnaires du siège du gouvernement Ghannouchi.
_ Sur les centaines de manifestants qui avaient passé la nuit sur place malgré le couvre-feu, quelques dizaines se sont précipitées vers les policiers, provoquant un mouvement de foule.
L’incident a été bref mais violent. Et la tension reste vive sur la grande esplanade de la Kasbah, qui jouxte les bureaux du Premier ministre où des militaires parlementent avec les manifestants pour tenter de les calmer.
_ Les accès à la Kasbah ont été fermés, barrés par des barbelés et des cordons de l’armée et de la police.
Les manifestants venus notamment de la région de Sidi Bouzid d’où est partie la "révolution du jasmin" à la mi-décembre, appellent toujours au départ du gouvernement d’union nationale. "On va rester jusqu’à ce que le gouvernement démissionne et s’enfuie comme Ben Ali", lançait un manifestant.
Dans l'après-midi, le chef d'état-major de l'armée de terre s'est adressé aux manifestants, pour leur assurer que les militaires ne sortiraient pas de leur rôle constitutionnel : l'Armée, affirme le général Ammar, se porte "garante de la révolution. Elle protège le peuple et le pays".
Grève dans l’éducation
Ces nouveaux incidents interviennent alors que rouvrent, sur décret gouvernemental, écoles et lycées, fermés par Ben Ali juste avant sa chute.
_ Un appel à la grève a été lancé et il semble bien suivi, notamment dans le primaire, et dans la plupart des régions de Tunisie. "Un succès sans précédent", même, selon le syndicat national de l'enseignement primaire, qui évoque des taux de participation de 90 à 100%.
Le syndicat des instituteurs a lancé cette grève illimitée pour protester contre la présence des caciques du régime Ben Ali dans le gouvernement de transition.
_ Cette pression populaire soutenue relance les spéculations sur la capacité de survie de ce gouvernement controversé, au sein duquel les ministres de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD), détiennent les postes-clés de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.
Gilles Halais, avec agences
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